Pendant longtemps, la Première Guerre mondiale était «oubliée» en Russie et le rôle de l'armée russe dans cet événement historique crucial rabaissé au niveau mondial. Néanmoins, depuis quelques années les autorités et les historiens russes tentent de rétablir la justice historique moyennant des actions culturelles. Le bilan de ce travail a été tiré ce mercredi lors de la réunion solennelle consacrée au centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale qui s'est tenue au Manège de Moscou avec la participation du ministre russe de la Culture, Vladimir Medinski.
«[Depuis 2014, ndlr]la prise de conscience des Russes concernant la Première Guerre mondiale a augmenté de 30 à 50% […] Nous avons presque doublé la prise de conscience de nos concitoyens concernant les événements de cette époque historique», a-t-il déclaré en se référant aux statistiques du Centre russe d'étude de l'opinion publique.
En ce qui concerne l'attitude des pays européens envers le rôle de la Russie dans ce conflit international, Mikhail Miagkov, directeur scientifique de la Société militaire et historique russe, interrogé par Sputnik, estime que des «leaders politiques lucides» et des «historiens impartiaux» ne l'oubliaient jamais.
«La plupart des historiens impartiaux n'oublient pas le rôle de la Russie. Bien qu'elle soit sortie de la guerre, ils soulignent que la Russie agissait dignement au cours de la Première Guerre mondiale et qu'elle n'a pas essuyé de défaite, son retrait étant provoqué par un cataclysme interne et des événements révolutionnaires», a-t-il expliqué.
Il a mis en avant les «efforts sacrificiels» russes sans lesquels la victoire des alliés n'aurait pas été possible.
«La Russie a apporté une contribution clé à la victoire de la Triple-Entente dans la Première Guerre mondiale et il est impossible de négliger ce fait. Les chiffres, les efforts de la Russie et ses victoires le prouvent», a-t-il ajouté en rappelant qu'à certaines périodes l'armée russe refrénait jusqu'à 40% des forces de l'ennemi.
Selon M.Miagkov, c'est particulièrement vrai pour la France qui «aurait été écrasée» si la Russie n'avait pas entrepris une offensive en Galicie en 1914.
«Il est certain que juste après la Première Guerre mondiale des chefs de guerre français soulignaient le fait que sans ces efforts sacrificiels de la Russie en 1914 la France aurait été écrasée. C'est pourquoi la mémoire historique est vivante en France», a-t-il précisé.
Néanmoins, le directeur scientifique de la Société militaire et historique russe estime que «différentes forces» tentent de «rabaisser» le rôle de la Russie.
«Il existe différentes forces qui tentent de mener des guerres de mémoire non seulement en ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale mais aussi la Première Guerre mondiale […] Elles veulent souvent rabaisser le rôle de la Russie, évoquent sa contribution insignifiante, ne soulignant que le rôle des puissances occidentales», a-t-il indiqué.
Cette année, le Président russe participera aux commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale sur l'invitation d'Emmanuel Macron ce qui, selon M.Miagkov, témoigne encore une fois du fait que la Russie ne peut pas être «rayée des rangs des pays vainqueurs» de la Grande Guerre.
Depuis quelques années, la Société militaire et historique russe mène un travail visant à rétablir le rôle de l'armée russe pendant la Première Guerre mondiale et à rendre hommage aux militaires russes ayant péri. L'organisation a érigé 34 monuments dont quatre en France.