Algérie-Suisse: les relations seraient au plus bas à cause de l’affaire du général Nezzar

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La réouverture, le 6 juin dernier, par le Tribunal pénal fédéral suisse de l’affaire du général-major Khaled Nezzar, poursuivi pour des crimes de guerre qui auraient été commis sous son commandement durant les années 1990 en Algérie, aurait provoqué un coup de froid dans les relations algéro-suisses, selon des sources citées par le site TSA.

Contrariée par la réouverture, le 6 juin dernier, en Suisse des poursuites pour crimes de guerre contre le général-major Khaled Nezzar, ancien chef d'État-major de l'Armée nationale populaire algérienne (ANP) et ancien ministre de la Défense nationale (1990-1993), des crimes qui auraient été commis sous son commandement durant la décennie noire de l'Algérie, Alger aurait décidé de réduire au strict minimum ses relations diplomatiques et économiques avec la Confédération helvétique. C'est ce qu'a rapporté, le 6 novembre, le site d'information Tout Sur l'Algérie, citant des sources proches du dossier, qui ajoutent que les critiques émanant de Suisse sur l'état des droits de l'Homme dans le pays, notamment la question des migrants subsahariens, irritent également les autorités algériennes.

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S'exprimant sur la complexité et les enjeux de cette affaire sur les relations bilatérales entre les deux pays, Muriel Berset Kohen, ambassadrice de Suisse en Algérie depuis 2014, a déclaré, en mars 2016, lors d'une réunion avec le ministère public de la Confédération helvétique, que l'issue de l'affaire Nezzar représente «une bombe à retardement en ce qui concerne les relations bilatérales entre la Suisse et l'Algérie, un handicap que la Suisse aurait à gérer dans ses relations diplomatiques », selon une note du parquet suisse publiée, en novembre 2017, par le journal Le Temps, précisant que l'affaire est «très importante pour les autorités algériennes».

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Évoquant le point de vue des autorités algériennes sur cette question, Mme. Kohen a souligné que «l'affaire du général Nezzar est très sensible politiquement, en tant que le général Nezzar incarne le choix fait par l'Algérie de lutter contre les terroristes pendant les années noires (…)». «Ce choix a été fait par le pouvoir qui est toujours en place actuellement, ainsi tant que ce pouvoir est en place, il n'y aura pas de changement de paradigme à ce niveau-là», a-t-elle encore ajouté, selon la même note, en confiant qu'on lui «avait fait savoir de manière informelle [en Algérie, ndlr] qu'un dossier économique n'avait pas avancé en raison de cette affaire [Nezzar, ndlr]».

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Pour rappel, en octobre 2011, le général Khaled Nezzar a été arrêté et placé en garde à vue pendant 36 heures en Suisse, suite à deux plaintes déposées par des supposées victimes des années du terrorisme en Algérie. Après examen de l'affaire, le ministère public de la Confédération (MPC) a clos, le 4 janvier 2017, l'instruction et a refusé de retenir la notion de conflit armé non international pour qualifier la situation régnant en Algérie durant les années 1990, suite à quoi l'affaire a été classée.

Cependant, le 6 juin dernier, le Tribunal pénal fédéral (TPF) a annulé, selon TSA, l'ordonnance de classement affirmant que ce qui s'est passé en Algérie, au début des années 1990, était un conflit armé et que le général Khaled Nezzar «était conscient des crimes massifs commis sous ses ordres».

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Commentant cette décision d'annulation de l'ordonnance du classement, Pierre Bayenet, avocat des parties plaignantes, a affirmé le même jour à TSA que «l'enquête sera élargie à la question des crimes contre l'humanité».

Tout en reconnaissant des dépassements commis par l'armée et les services de sécurité algériens durant la lutte antiterroriste, les autorités militaires et civiles algériennes nient catégoriquement l'existence de crimes massifs qui auraient été commis de manière méthodique et pouvant être qualifiés de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité.

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