La ville de Montréal va-t-elle se séparer du Québec?

© AP Photo / Alden PellettAndre Senecal, silhouetted behind a Canadian flag, Feb. 10, 2004, has been trying to get Americans to understand that Canada is more than polar bears, red-coated constables, hockey and long winters, introducing students to some of the intricacies of the European style of government.
Andre Senecal, silhouetted behind a Canadian flag, Feb. 10, 2004, has been trying to get Americans to understand that Canada is more than polar bears, red-coated constables, hockey and long winters, introducing students to some of the intricacies of the European style of government. - Sputnik Afrique
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Depuis l’élection d’un gouvernement de droite autonomiste, la fracture parait immense entre Montréal et le reste du Québec. 50 ans après le «Vive le Québec libre!» du Général de Gaulle à Montréal, il semblerait que ce soit au tour de cette ville de vouloir gagner son indépendance…

Depuis l'élection d'un gouvernement de droite autonomiste au Québec, la relation semble à son plus bas entre la Ville de Montréal et le reste du Québec. Depuis l'arrivée de la Coalition Avenir Québec (CAQ) au pouvoir, la métropole québécoise semble de plus en plus faire bande à part. L'élection de la CAQ a accentué un phénomène qui n'est pas nouveau.

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Évidemment, de par son importance démographique et économique, la Ville de Montréal s'est toujours distinguée du reste du Québec. Ville partiellement anglophone, Montréal se différencie d'abord du reste du Québec par la langue.

Les Québécois anglophones sont concentrés à Montréal, ce qui a souvent contribué à créer des tensions. Depuis au moins 150 ans existe une forte rivalité entre le français et l'anglais dans la métropole. Aujourd'hui, les anglophones forment environ 20% de la population montréalaise.

Recul du français à Montréal: une réalité qui dérange

De nombreuses personnes immigrées choisissent l'anglais et non le français comme langue lorsqu'ils arrivent à Montréal, ce qui pose différents problèmes sur le plan de l'intégration. Pour le mouvement nationaliste, le rejet du français par les nouveaux arrivants représente un échec. Cela témoignerait de la fragilité de l'identité québécoise.

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Rappelons que les Québécois francophones sont environ 7 millions, et qu'ils évoluent dans une Amérique du Nord où vivent plus de 300 millions d'anglophones (Canada et États-Unis). Dans une certaine mesure, on pourrait dire que les Québécois se sentent «assiégés» sur le plan linguistique, formant un îlot francophone dans un immense océan anglophone.

Plusieurs analystes et chroniqueurs dénoncent ce qu'ils considèrent comme l'anglicisation de la Ville de Montréal. Dans les dernières années, plusieurs experts ont observé un important recul du français dans la métropole. Récemment, le maire de la Ville de Québec, Régis Labeaume a lancé aussi un signal d'alarme. En négligeant la protection du français, les politiciens font une «très grave erreur» et contribuent à accroître la fracture entre Montréal et le reste du Québec, croit le maire de la capitale.

«Ce qui me fascine, c'est qu'après 400 ans d'histoire, on ne se souvient pas qu'il faut se préoccuper de notre langue maternelle de la majorité des habitants du Québec. On fait une très grave erreur. Plus on va laisser ça aller, pire ça va être», a affirmé Régis Labeaume.

Si l'anglais continue de progresser à Montréal, cette ville se rapprochera davantage du Canada anglais, sur le plan politique comme sur le plan symbolique. De cette manière, les Québécois francophones pourraient se voir marginalisés dans leur propre métropole.

Multiculturalisme et signes religieux: un autre dossier qui divise

La question de la langue n'explique toutefois pas tout. Depuis maintenant quelques années, la Ville de Montréal adhère à la politique fédérale du multiculturalisme. Les élites montréalaises semblent de plus en plus adhérer au discours dominant sur le vivre-ensemble, ce qui n'est pas vraiment le cas de la majorité francophone.

D'ailleurs, le nouveau gouvernement du Québec entend réduire l'immigration de 20% et limiter la sphère d'application du multiculturalisme. Notamment en interdisant le port de signes religieux pour les personnes en position d'autorité comme les juges, les policiers et enseignants. Cette vision plus «conservatrice» déplait beaucoup à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et à son administration. D'aucuns accusent le nouveau premier ministre François Legault de nourrir la «xénophobie».

«Je vais toujours défendre les intérêts des Montréalais et Montréalaises, peu importe qui ils sont et ce qu'ils portent, afin qu'ils aient accès aux services auxquels ils ont droit et, idéalement, aux emplois», a mentionné la mairesse Valérie Plante.

Mais ce n'est pas la première fois que Montréal tente de faire valoir son autonomie en s'opposant à un projet de loi sur la laïcité. En octobre 2017, l'ancien maire de Montréal, Denis Coderre, s'était aussi opposé à un projet de loi qui stipulait que les services publics devaient être rendus à visage découvert. Ce qui incluait les transports publics.

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L'ancien maire de Montréal a accusé le gouvernement du Québec d'outrepasser ses champs de compétence et d'ignorer le caractère multiculturel de la métropole. En prenant cette position, le maire prenait la défense des quelques femmes de confession musulmane qui souhaitaient pouvoir continuer à prendre l'autobus avec le visage couvert.

Autre preuve que les relations entre la métropole et Québec sont au plus bas: la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a brillé par son absence à la cérémonie d'assermentation des ministres du nouveau gouvernement. Une absence qui a été considérée comme une faute, voire comme un manque de jugement.

Par ailleurs, un récent sondage montre que la mairesse de Montréal est déjà beaucoup moins populaire qu'il y a 1 an, lors de son arrivée au pouvoir. Ce qui est peut-être le signe d'une volonté de changement.

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