L'Ukraine a procédé à des exercices balistiques dans la région de Kherson (sud du pays, à la frontière avec la Crimée), dont l'objectif annoncé était de contrôler l'état de la défense antiaérienne, ainsi que de collecter des informations en vue de la modernisation de systèmes de DCA de l'armée.
Selon Boris Rojine, expert auprès du Centre de journalisme politique et militaire, qui a accordé une interview à Sputnik, ces exercices ne sont pas les premiers du genre et l'Ukraine avait l'intention de les mener dans l'espace aérien russe, mais, après une mise en garde du ministère russe de la Défense, Kiev a dû renoncer à son idée.
«En ce qui concerne les objectifs réels [des exercices, ndlr], c'est le maintien de l'ordre du jour militariste à la veille de la présidentielle où [le Président ukrainien, ndlr] Porochenko misera sur le conflit dans le Donbass et sur la militarisation à la frontière avec la Crimée», a-t-il affirmé, ajoutant que ces manœuvres constituaient «une révérence à l'Occident».
L'expert militaire russe Alexeï Leonkov a rappelé pour sa part à RT qu'il s'agissait de systèmes à différents rayons d'action qui ont été livrés à l'Ukraine avant 1991.
«Pour ce qui est du caractère des manœuvres, il est évident qu'ils [les Ukrainiens, ndlr] ne pouvaient rien tester à grande échelle. Une ou deux cibles peut-être. Mais il s'agissait surtout d'exercices du commandement, avec des cibles atteintes conventionnellement, sans dépenser de munitions, en vue de s'entraîner à l'interaction entre unités», a-t-il expliqué.
Évoquant l'éventualité de modernisation des systèmes de DCA de l'armée ukrainienne, il a affirmé que, seule, l'Ukraine aurait beaucoup de mal à la réaliser et que cela lui serait «pratiquement impossible».
Vladimir Anokhine, vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques de Russie, a attiré l'attention de RT sur le fond politique des exercices dans la région de Kherson.
«Voici encore une exhibition pour prouver à l'Europe qu'elle [l'Ukraine, ndlr] est digne de devenir membre de l'Otan, malgré tous les griefs qui lui sont formulés par les pays de la vieille Europe et, éventuellement, pour faire une nouvelle proposition à l'Alliance sur l'installation d'une base dans la région», a-t-il noté.
Pour lui, ces tests relèvent uniquement de la politique.
«Rien de plus. Quelque modernisation que ce soit, vu l'état de l'industrie militaire de l'Ukraine, est impossible. C'est une manœuvre purement politique», a-t-il souligné.
Pour ce qui est des systèmes engagés dans les exercices, Vladimir Anokhine rappelé que c'était un héritage soviétique, que Bouk n'était plus en service dans l'armée russe depuis 15 ans et que les S-300 ukrainiens étaient une première version de ce type de systèmes, qui était venue armer les forces soviétiques dans les années 1970.
«Rien de nouveau. Disons que l'Ukraine n'est pas capable d'étonner par une force militaire importante. Ce n'est qu'une pièce politique sur l'échiquier militaire», a-t-il noté.
Dans le cadre de ces exercices, l'Ukraine a annoncé fermer une partie de son espace aérien au-dessus de la mer Noire jusqu'au 4 novembre. Il s'agit d'un secteur de 100 kilomètres sur 450, à l'ouest de la péninsule de Crimée. Kiev en a informé la communauté internationale via le système de messagerie aux navigants aériens (NOTAM).