Malgré la préoccupation exprimée à maintes reprises par Ankara au sujet de la situation à l'est de l'Euphrate qui représente une menace pour la sécurité nationale de la Turquie, les États-Unis ne cessent d'armer les forces kurdes, a rappelé à Sputnik Naim Babüroğlu, général de brigade à la retraite et professeur à l'Université Aydin d'Istanbul, commentant l'annonce par Recep Tayyip Erdogan d'une éventuelle opération sur ces territoires.
«Je pense que la Turquie attendra la fin de la réalisation de la "feuille de route" conjointe avec les États-Unis à Manbij avant de lancer une opération militaire sur les territoires à l'est de l'Euphrate. […] Quoi qu'il en soit, la "feuille de route" sur Manbij n'est toujours pas appliquée intégralement, et près de 7.000 combattants kurdes qui n'ont même pas rendu les armes fournies par les États-Unis s'y trouvent», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de supposer que la liquidation des forces kurdes sur ce territoire n'était tout simplement pas dans l'intérêt des États-Unis, Washington ne tenant pas ses promesses.
«Au contraire, les Américains y confortent leurs positions, déployant de nouvelles bases, construisant des aéroports et installant des radars. Finalement, Ankara serait tout simplement contraint à agir, et l'opération de l'armée turque à l'est de l'Euphrate serait bel et bien inévitable», a résumé l'expert en stratégie militaire.
En juin, la Turquie et les États-Unis ont conclu un accord sur Manbij, après des mois de dissensions entre ces deux pays sur la question de cette ville. En vertu de cet accord, les YPG devaient se retirer de Manbij et les forces turques et américaines doivent assurer conjointement la sécurité et la stabilité dans la ville. Néanmoins, les États-Unis n'ont ni respecté la feuille de route ni le calendrier sur Manbij. Les YPG n'ont pas quitté cette zone.
La Turquie mène depuis le 20 janvier 2018 l'opération Rameau d'olivier dans le canton syrien d'Afrine contre les YPG et le PYD. Damas a condamné cette intervention turque, notant que ce territoire faisait partie intégrante de la Syrie.