D'après le site officiel du Parquet géorgien, l'implication de Mikhaïl Saakachvili dans l'assassinat de l'homme d'affaires Badri Patarkatsichvili a été établie dans le cadre d'une enquête visant trois collaborateurs du Département de la sécurité constitutionnelle de la Géorgie. Pendant la perquisition de la résidence de l'un des suspects appréhendés, les forces de l'ordre ont saisi des enregistrements d'écoutes secrètes datant des 4 et 5 février 2007, indique le site d'information Newsru.com. Dans l'un d'entre eux, on entend les tentatives de recruter l'un des gardes du corps de Badri Patarkatsichvili et la déclaration selon laquelle Mikhaïl Saakachvili aurait commandité l'assassinat de l'homme d'affaires parce qu'il était un «opposant politique et ennemi du gouvernement».
En s'appuyant sur les nombreux témoignages, notamment écrits, il a été établi que dans l'optique d'assassiner l'entrepreneur le personnel du département suivait régulièrement ses déplacements, recueillait des informations sur son service de sécurité et exerçaient une pression sur ses employés afin qu'ils créent les conditions nécessaires pour commettre le meurtre.
Le Parquet géorgien a rappelé que l'un des figurants de l'affaire avait été extradé des Pays-Bas à sa demande, et a promis de poursuivre cette pratique à terme. L'enquête suit son cours.
L'un des individus les plus riches de Géorgie, l'homme d'affaires Badri Patarkatsichvili, est décédé brusquement le 12 février 2008 dans sa villa près de Londres. Selon les médecins, sa mort a été provoquée par une maladie coronarienne. Quelques mois plus tôt, l'homme d'affaires s'était activement lancé en politique en annonçant la création d'un parti d'opposition et en avançant sa candidature à l'élection présidentielle géorgienne.
D'après le Parquet géorgien, dans le cadre de cette affaire des accusations ont été avancées contre trois hauts fonctionnaires de ce département sur la base des enregistrements de leurs conversations.
Pendant le procès, l'accusé Gueorgui Merabachvili a déclaré qu'il était innocent et que les enregistrements étaient falsifiés.
La prochaine audience sur cette affaire se tiendra au tribunal municipal de Tbilissi le 4 décembre.
Avant même la mort de Badri Patarkatsichvili, Mikhaïl Saakachvili était déjà accusé de vouloir éliminer le célèbre homme d'affaires.
Comme l'a déclaré en 2007 l'ancien ministre de la Défense Irakli Okrouachvili, lors d'un entretient avec Mikhaïl Saakachvili début juillet 2005, ce dernier aurait directement demandé: «Que penserais-tu d'éliminer notre menace principale?».
«J'ai demandé ce qu'il voulait dire… Il m'a exposé un plan concret d'élimination de cet homme. Je n'ai répondu ni oui ni non, et demandé du temps pour réfléchir. J'ai compris que c'était un piège. Si j'avais pris cette décision et que j'avais rempli la mission, c'est moi qui aurait été éliminé ensuite. Cet homme était Badri Patarkatsichvili», a déclaré Irakli Okrouachvili en septembre 2007 sur la chaîne géorgienne Imedi.
A l'époque, Badri Patarkatsichvili n'avait pas pris au sérieux cette mise en garde et décidé qu'après ces propos de Irakli Okrouachvili, «personne n'oserait me faire quoi que ce soit». «Je pense que désormais je serai protégé comme la prunelle de leurs yeux», estimait-il. Il avait tort.
Trois mois plus tard, Badri Patarkatsichvili affirmait ouvertement que Mikhaïl Saakachvili préparait effectivement son élimination. Son assassinat aurait été planifié plusieurs fois, notamment en automne 2007 et en octobre-novembre 2007. Badri Patarkatsichvili comptait sur ses 120 gardes du corps, mais déclarait qu'il ne sentait en sécurité nulle part.
Le 5 janvier 2018, le tribunal de Tbilissi a condamné par contumace Mikhaïl Saakachvili à 3 ans de prison pour obstruction à l'enquête sur le meurtre d'un autre homme d'affaires géorgien, Sandro Guirgvliani de la Banque unifiée de Géorgie, commis en janvier 2006. A l'époque, le corps du banquier avait été retrouvé dans un cimetière à la périphérie de Tbilissi. La chaîne Imedi appartenant à Badri Patarkatsichvili avait tenté de reconstituer les faits, provoquant alors un très puissant retentissement public.
Le 28 juin 2018, le tribunal de Tbilissi a également condamné par contumace Mikhaïl Saakachvili à 6 ans de prison dans l'affaire du passage à tabac du député Valeri Guelachvili en 2005.
Par la suite, ce dernier a reconnu qu'il ne s'attendait pas à ce que Badri Patarkatsichvili meure avant lui. Les deux partenaires d'affaires n'avaient pas juridiquement formalisé le partage des biens. Boris Berezovski était certain de partager équitablement l'argent et les actifs avec son partenaire, mais ce n'était pas le cas. Immédiatement après la mort de Badri Patarkatsichvili, sa veuve Inna a signé une attestation promettant de transmettre la moitié des actifs à Boris Berezovski, puis elle a changé d'avis en déclarant qu'elle avait fait cela sous le coup de l'émotion. C'est ainsi que Boris Berezovski a perdu à la fois son argent et son bienfaiteur.
Ce dernier a alors déposé une plainte au tribunal de Londres contre la famille Patarkatsichvili, en estimant ses pertes à 50% de tous les actifs de Badri. A l'époque, les avocats avaient estimé la fortune de Badri Patarkatsichvili à 2,1 milliards de dollars. Dans les dossiers du tribunal figuraient 152 compagnies aux parts desquelles Boris Berezovski pouvait plus ou moins prétendre.
Scotland Yard a estimé que la mort de l'homme d'affaires avait eu lieu dans des circonstances étranges et était suspecte. Une analyse toxicologique a été ordonnée, sans révéler d'irrégularités. L'autopsie a fait état d'une pathologie pouvant provoquer une mort subite sans symptômes préalables.
Cependant, les hypothèses considérant l'implication de Moscou et Vladimir Poutine dans la mort de l'homme d'affaires continuent de circuler dans les médias britanniques et américains. Au cours de l'été 2017, le site BuzzFeed a annoncé que des «tueurs russes» auraient «exécuté» au moins 14 personnes, dont Badri Patarkatsichvili, «sur ordre du Kremlin».
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.