Étant un concurrent de l'Iran sur le marché des ressources énergétiques, la Russie n'a pas de raisons d'acheter le pétrole iranien afin de le raffiner et le revendre, estime Igor Youchkov, expert du Fond russe en sécurité énergétique nationale interrogé par Sputnik à propos de la récente publication de la journaliste israélienne Dana Weiss. Selon lui, Moscou peut au contraire tirer avantage de la sortie de Téhéran du marché international du pétrole.
«Sur le plan économique, il n'est pas profitable pour la Russie de soutenir l'Iran puisque nous sommes concurrents sur le marché mondial des ressources énergétiques. L'Iran exporte le pétrole sur les mêmes marchés que nous, en premier lieu, en Chine. Nous sommes le plus grand fournisseur de pétrole en Chine mais l'Iran en détient également une grande part», précise-t-il.
«Si l'Iran réduit au moins ses exportations […] cela peut conduire à un déficit sur le marché mondial et le prix augmentera, ce qui est assez positif puisque nous en alimentons notre budget et formons nos fonds budgétaires de réserves [avec les rentrées d'argent liées à l'exportation des ressources énergétiques]», indique-t-il.
Par ailleurs, l'expert russe a remis en doute la véracité de la publication de la journaliste israélienne, selon laquelle, il s'agit d'un «accord secret» entre Moscou et Téhéran conclu le 7 septembre lors du sommet tripartite, puisque la Russie a annoncé ouvertement sa participation à la création d'un mécanisme commun avec l'UE et la Chine visant à minimiser l'effet négatif des sanctions américaines sur l'Iran.
«Cette publication est assez étrange. Elle porte sur une certaine opération secrète ce qui est assez absurde puisque l'UE et la Chine ont ouvertement déclaré vouloir mettre en œuvre un mécanisme d'achat du pétrole iranien afin de l'acquérir sans se voir imposer des sanctions américaines», a-t-il expliqué.
«Je crois que [l'objectif de la Russie, ndlr] est de montrer l'effet destructif des sanctions en général et de participer à la création d'un mécanisme qui aide à contourner les sanctions contre l'Iran dans le cas où nous en aurions besoin si les sanctions antirusses sont durcies», a-t-il ajouté.
«Les sociétés privées ont peur d'acheter du pétrole iranien. La question est de savoir quel volume la Chine achètera. Est-ce qu'elle le réduira ou le maintiendra afin de montrer qu'elle n'a pas peur des sanctions américaines?», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, il estime que la décision de Pékin d'acheter du pétrole iranien dépendra de l'évolution de sa «guerre commerciale» avec Washington.
«S'ils [les États-Unis et la Chine, ndlr] se mettent d'accord sur les principales questions, la Chine peut renoncer au pétrole iranien», a conclu l'expert russe.
Le 14 octobre, le site Mako a publié un article de la journaliste israélienne Dana Weiss qui écrit en se référant à un «document secret» de la diplomatie de l'État hébreu affirmant que lors du sommet entre Moscou, Téhéran et Ankara du 7 septembre, Vladimir Poutine et Hassan Rohani s'étaient mis d'accord sur des livraisons de pétrole iranien par la mer Caspienne vers les raffineries russes. Selon elle, ensuite, les produits pétroliers seraient vendus partout dans le monde.