Les salons cossus de l'Hôtel de Ville de Paris seront bientôt transformés en hébergement d'urgence pour femmes sans-abri. Dimanche 14 octobre, dans une interview accordée au JDD, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a indiqué que les salons des Tapisseries et des Prévôts, qui représentent une surface de 750 m², seront transformés d'ici fin novembre «en accueil de jour —des repas seront servis et des soins prodigués- ainsi qu'en halte de nuit, avec des lits, des dortoirs, des blocs sanitaires».
«L'initiative en soi est un symbole fort, de dire qu'on ouvre l'Hôtel de Ville de la capitale aux sans-abri […]. Ce qui est le plus intéressant, c'est ce qui est ensuite: notre constat au Samu social, c'est qu'on a chaque année, 6 à 8.000 femmes qui appellent le 115 et seul un quart sera hébergé», estime Eric Pliez, président du Samu social.
Elles sont «doublement vulnérables», d'après le mouvement citoyen «Réchauffons nos SDF», auteur d'une pétition demandant une réelle prise en charge des femmes à la rue. Un travail de sensibilisation qui «a enfin payé»:
Je n'en reviens pas, bravo aux 307 000signataires de la pétition. Notre mouvement citoyen en faveur des femmes sdf a enfin payé. #jesuissurunnuage @Pagechris75 @AnneLorient @ElinaDumont https://t.co/ykWQ3Cgoz3
— Kayaa (@sarahfrikh) 15 октября 2018 г.
L'hiver dernier, Paris a lancé une vaste opération baptisée «nuit de solidarité». Divisés en 350 secteurs, des équipes ont sillonné la capitale dans la nuit du 15 février au soir au 16 février, afin de compter le nombre de personnes à la rue. Les recenseurs ont dénombré près de 3.000 personnes dormant dehors, au pic de l'hiver.
Un chiffre à partir duquel Paris articule sa politique d'hébergement, explique Mme Hidalgo: «Nous avons décompté 3.035 personnes sans solution d'hébergement, au moment où il fait le plus froid. Ces chiffres sont fiables, personne ne les conteste. Il manque donc près de 3.000 places d'hébergement d'urgence dans la capitale. Je me suis engagée à ce que la Ville fasse la moitié du chemin», et en appelle à la responsabilité de l'État pour le reste des places.
L’an dernier, nous avions dénombré 3.000 personnes #SansAbris à #Paris. D’ici la fin de l’année, nous aurons créé 1.500 places d’hébergement supplémentaires dans les bâtiments municipaux et les mairies.. J’appelle l’Etat agir à nos côtés. #Solidarité 🤝 https://t.co/DKShU25Asi
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 14 октября 2018 г.
«Le chiffre de 3.000, c'est celui qu'on retient de la nuit de la solidarité, où on a identifié dehors 3.000 personnes en plein cœur de l'hiver, sachant que pendant l'hiver, beaucoup de place supplémentaires sont mobilisées. Donc 3.000, c'est le minimum», estime M. Pliez.
La mairie de Paris entend montrer l'exemple, même si des mairies ont déjà mis en place des solutions d'hébergement en ouvrant des places dans leurs locaux. Les entreprises «qui ont des locaux inoccupés» sont également invitées à «les mettre à disposition».
Des abris de plus petite taille vont également voir le jour: «L'idée est de transformer d'anciens kiosques ou d'installer de petits abris dans des retraits de rue. Ils seront gérés par des associations et implantés pour une durée limitée dans le temps».
Pour Eric Pliez, la ville de Paris «a les capacités de mobilisation de bâtiments en dur» auxquels il faut penser «avant d'aller chercher des solutions qui sont trop faciles». «Vous installez une tente isotherme, demain vous aurez toujours des problèmes de sanitaires […]».
«On a énormément de surface en dur, des bureaux et des logements vacants, qui sont d'abord à mobiliser. Je pense qu'on peut faire ici ou là des expériences avec des produits différents, pourquoi pas des kiosques. Je suis quand même assez méfiant, parce que la vraie question, pour ces gens qui sont de grands exclus, c'est comment on les accompagne, comment on les ramène vers des structures de droit commun, et parfois ça passera par jouer la carte de la proximité.»
L'une des raisons pour laquelle ces femmes en «rupture familiale», ou «à faibles ressources» se retrouvent à la rue, ce sont «les difficultés d'accès au logement», estime-t-il.
«Le problème principal pour moi, c'est que l'on ne sort pas du dispositif d'hébergement par manque de logement social accessible.»