Si du côté de l'alliance atlantique, on assure que c'est un exercice «défensif», Dominique Trinquand explique que «ça va être perçu comme une démonstration de force» par Moscou.
«Les scénarios d'un exercice ne sont jamais des scénarios avec des pays réels qui sont définis. Ce n'est pas la Russie qui est nommée, mais "un pays" qui envahit la Norvège», explique Dominique Trinquand, général de brigade et spécialiste des questions militaires.
45 000 soldats, 10 000 véhicules, entre 130 et 150 avions, ainsi que 70 navires seront déployés entre 500 et 1 000 km de la frontière russe en Norvège, mais également en Suède et en Finlande, deux pays qui ne sont pourtant pas membres de l'Alliance atlantique.
«La Finlande et la Suède, dans la région dans laquelle ils sont, ont des liens étroits avec la Norvège et donc la participation de ces pays extérieurs à l'Otan, mais dans le cadre d'exercices de l'Otan, fait l'objet de partenariats et est assez courant», estime le général de brigade au micro de Sputnik.
Une proximité avec le territoire russe qui, de l'aveu même de l'Amiral Foggo, ne plaît pas beaucoup à Moscou.
«Mon supérieur a établi au cours des derniers mois un dialogue avec le chef de la Défense russe, le général Gerasimov. Il y a eu des moments de tension, mais je pense que ce dialogue est positif», a expliqué l'Amiral James Foggo, responsable de l'exercice.
«Ce n'est pas plus provocant que les exercices qui sont organisés partout ailleurs [mais] ça va être perçu à Moscou comme une démonstration de force à la limite de l'acte d'agression.»
De l'avis de l'expert militaire, c'est d'ailleurs cette perception russe qui pousse l'Otan à inviter des observateurs russes lors des manœuvres.
«[La présence d'observateurs russes] fait partie des mesures qui doivent diminuer les tensions. C'était une pratique dans les accords du temps du rideau de fer. Ces accords ne sont plus en application, mais le fait que l'Otan continue à appliquer cette mesure d'observation est une mesure tendant à éviter l'escalade.»
Quant à la présence de volets cyber, spatial et nucléaire dans l'exercice Trident Juncture 18, Dominique Trinquand considère que cela reflète plus les nouvelles menaces que les tensions existant au nord de l'Europe.
«Le cyber et le spatial sont les nouvelles menaces et les nouvelles protections qui doivent être apportées. Il est normal que l'Otan les inclue dans ces exercices. Il y a un commandement de l'espace, un commandement cyber et ceux-ci aussi doivent s'entraîner. Ce sont typiquement les nouvelles menaces contre lesquelles l'Otan doit s'entraîner.»