La France est-elle prête à son avenir «après-nucléaire»?

© REUTERS / Charles Platiaula centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine dans l'Aube
la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine dans l'Aube - Sputnik Afrique
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Bien que le gaz puisse remplacer le nucléaire dans le mix énergétique français, l’Hexagone ne doit pas renoncer à l’énergie atomique, estime Valérie Ducrot, directrice exécutive du Global Gas Center. Elle s’est confiée à Sputnik sur l’importance de l’énergie atomique pour la France.

Le remplacement du nucléaire par le gaz et les énergies renouvelables dans le mix énergétique français doit se faire «petit à petit», a déclaré Valérie Ducrot, directrice exécutive du Global Gas Center, interrogée par Sputnik en marge du Forum international du gaz de Saint-Pétersbourg. Elle estime également que les entreprises françaises doivent garder leur savoir-faire en cette matière.

«Je pense qu'en France la partie nucléaire a représenté historiquement une part importante dans le mix énergétique et qu'il faut aller vers une diminution petit à petit, sans pour autant la diminuer trop fortement. Ça peut être remplacé par les renouvelables et un rôle accru du gaz. Mais je pense que le savoir-faire nucléaire français doit être maintenu en particulier en Europe», a-t-elle précisé.

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Par ailleurs, Mme Ducrot estime que le renoncement complet à l'énergie nucléaire jouerait en défaveur de la France.

«Passer du tout nucléaire au zéro nucléaire, ça c'est impossible et il ne faut surtout pas le faire en matière de géostratégie dans le monde entier», a-t-elle ajouté.

Selon elle, il s'agit d'une ressource énergétique propre. Néanmoins, elle indique que de nouvelles technologies énergétiques doivent trouver leur niche en France. Mme Ducrot a notamment cité l'exemple d'un projet franco-allemand de création d'un pôle hydrogène censé se substituer à la centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace.

En ce qui concerne le futur du gaz, la directrice du Global Gaz Center, une organisation à but non lucratif dont la mission est de «promouvoir l'énergie durable avec un intérêt particulier pour les questions liées au gaz naturel», estime que cette ressource jouera dans l'avenir un rôle «très important» en France.

«Le gaz naturel va jouer un rôle très important en particulier dans la mobilité dans nos ports en Méditerranée, et là, la France peut jouer un rôle important», a-t-elle conclu.

Ayant commencé à développer la production de l'énergie nucléaire dans les années 1960, la France dispose aujourd'hui du parc nucléaire le plus important du monde en proportion de sa population. Selon EDF, en 2017 le nucléaire représentait plus de 71% de la production d'électricité en France.  

Les experts de la Société Française d'Énergie Nucléaire (SFEN) indiquent que cette ressource permet à la France de garantir son indépendance énergétique et des avantages compétitifs pour ses industries, grâce aux prix de l'électricité inférieur de plus de 20% par rapport à la moyenne européenne. 

En 2015, la loi sur la transition énergétique a été adoptée en France sur l'initiative de Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement de l'époque. Elle prévoit notamment la diminution de la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % d'ici 2025. Depuis, les autorités ont renoncé à cette date, et s'orientent, selon plusieurs sources, vers un nouvel objectif à 2035. Certains experts dont ceux de l'association négaWatt appellent à aller encore plus loin et à abandonner complétement le nucléaire. Après la catastrophe de Fukushima, de telles décisions ont été prises par plusieurs pays, dont l'Allemagne et le Japon. Néanmoins, Tokyo a déjà repris la production de l'énergie nucléaire afin de remplir ses objectifs climatiques.

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