«Les sanctions américaines contre l’Iran sont un cadeau à la Chine»

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Frappé par les sanctions américaines, l’Iran est devenu le théâtre d’une bataille économique pour ses réserves d’hydrocarbures. Un lopin de terre que l’Europe ne voudrait pas lâcher, au risque de s’attirer l’ire de Washington, et qui n’est d’ailleurs pas sans intérêt pour la Chine.

L'Union européenne a clairement laissé entendre cette semaine qu'elle n'envisageait pas de lâcher l'Iran. Après l'annonce lundi d'un système de troc censé permettre de contourner les sanctions américaines, Bruxelles a décidé d'accorder une aide de 18 millions d'euros pour compenser l'impact de la salve américaine. Mais quels sont les véritables motifs de ce geste? Loin d'être un acte de charité, les efforts déployés traduisent un pur calcul économique, sans passer à côté des intérêts géopolitiques et de la rivalité avec la Chine.

«Si l'UE répond à l'appel américain et offre à Washington son soutien complet dans la lutte contre le régime (…), elle perdra l'Iran à jamais. L'Iran entrera à l'évidence dans la zone économique de la Chine», explique à Sputnik Andreï Souzdaltsev, vice-doyen de la faculté de l'Économie et de la Politique mondiales au sein du Haut Collège d'Économie de Moscou.

«Cela fait que les sanctions américaines sont un cadeau à la Chine, que l'UE ne voudrait pas faire, s'étant déjà en partie brûlée avec les sanctions antirusses», a-t-il poursuivi.

Pékin, l'un des signataires de l'accord nucléaire iranien de 2015, dont l'administration Trump s'est retirée avec fracas, possède des intérêts économiques étroits en Iran.

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Premier acheteur au monde de pétrole iranien, le géant asiatique, par l'intermédiaire de ses entreprises, était impliqué en juin 2017 dans au moins 33 milliards de dollars de projets d'infrastructures en Iran: une illustration de l'ambitieux programme économique des «Routes de la Soie» que déploie Pékin en Asie et au-delà, rappelait l'AFP. 

Les sanctions américaines, qui ont entraîné l'exode des multinationales américaines et européennes, ont en même temps offert des opportunités aux entreprises chinoises. Surtout, la manne d'hydrocarbures s'avère irrésistible pour le premier pays importateur de brut: l'Iran est le 5e fournisseur de pétrole de la Chine, où il exporte plus d'un quart de sa production.

Déjà après le retrait de Total, les responsables iraniens ont laissé entendre que la compagnie nationale chinoise CNPC pourrait reprendre sa part dans le gisement gazier et la porter ainsi de 30% à plus de 80%.

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Mais si nombreux ont été les groupes européens qui ont décidé de se rendre sans batailler, le combat est loin d'être perdu pour Bruxelles.

«L'Iran est un puits d'hydrocarbures que l'Europe voudrait bien gérer. Aucun fournisseur de gaz opérant en Europe, et même les États-Unis avec leur gaz liquéfié, n'est en mesurer de couler ce marché. Modifier le rapport des forces sans doute, mais pas le couler», estime M. Souzdaltsev.

Et d'ajouter: «Seul l'Iran est capable de couler le marché et de casser les prix du gaz. De fait, le mécanisme pour contourner les sanctions sera mis en œuvre».

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