Macron «champion de la Terre»… mais «on est à 30 ou 50% de là où on devrait être»

© AFP 2024 Ludovic MarinEmmanuel Macron
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Ce 26 septembre se tiendra à New York le second round du «One Planet Summit». Les leaders proclamés de la lutte contre le changement climatique devront faire part de leurs avancées et Emmanuel Macron recevra le titre de «Champion de la terre» pour son engagement... Mais le combat est-il vraiment gagné?

En marge de l'assemblée générale des Nations unies, un sommet sur le climat réunissant personnalité politiques et économiques du monde entier se tiendra ce 26 septembre au soir, à New York.

Neuf mois auparavant, c'était Emmanuel Macron qui lançait la première édition de forum, à Paris, plaidant pour réunion annuelle sur la thématique du changement climatique. C'est pour avoir lancé ce mouvement et les 12 engagements internationaux en faveur d'un monde plus vert que le Président de la République recevra le titre de «Champion de la terre», d'après une information du quotidien l'Opinion.

Mais quelques semaines à peine après la démission fracassante de Nicolas Hulot, qui s'était déclaré hors-jeu face au manque d'ambition globale du gouvernement, qui ne voit pas l'écologie comme «un enjeu prioritaire» ce titre ronflant fait grincer des dents les écologistes, et laisse perplexe les internautes.

Le dossier glyphosate, substance potentiellement cancérogène utilisée massivement dans l'agriculture conventionnelle, dont la date de sortie n'est pas inscrite dans la loi, arrive en tête:

​Suite au retrait américain de l'accord sur le climat conclu à Paris lors de la COP21, Emmanuel Macron entendait compenser cette soudaine absence en reprenant à son compte le fameux slogan de la campagne de Donald Trump: «make our planet great again», soit «rendez notre planète à nouveau formidable». Un slogan devenu alors viral, retweeté 230.000 fois.

«Bien sûr, le désistement des États-Unis par le Président Trump était un très mauvais signal, mais c'est une responsabilité d'autant plus lourde pour la France et l'Europe pour accélérer la transition écologique plutôt que de la freiner et pour montrer à quel point le mouvement est aussi réversible que nécessaire quand il s'agit d'agriculture, d'énergie, de la mer et de l'océan», estime Nicolas Imbert, directeur exécutif de l'ONG Green Cross.

Une responsabilité dont s'est emparée la France, ce qui ne l'empêche pas d'accuser un retard certain «dans les engagements de l'accord de Paris et de la mise en œuvre des solutions concrètes qui permettent de lutter efficacement contre les dérèglements climatiques», regrette-t-il. À ce stade, les engagements pris par les États ne permettront pas de contenir le réchauffement climatique sous le seuil des 2 °C d'ici la fin du siècle, avertissait début septembre la secrétaire exécutive de la Convention-cadre de l'Onu sur le changement climatique (CCNUCC), Patricia Espinosa.

Parce qu'elle a initié hébergé les accords de Paris et utilisée ses leviers diplomatique pour mettre en relation les États, la France a une bonne image à l'international sur l'environnement. Mais elle est à la traîne sur nombre de question et d'engagements: «je suis personnellement inquiet», confie Nicolas Imbert, espérant que la Climat Week, qui s'ouvre la semaine prochaine, sera l'occasion d'un «grand sursaut de responsabilité».

«Force est de constater que l'on est à 30 ou 50% de là où on devrait être sur la feuille de route. On s'attend que quelqu'un qui est identifié comme leader soit plutôt en train de montrer la voie et soit le premier de cordée, avec 70 ou 80% de l'objectif.»

La France n'a pas tenu ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, cause principale du réchauffement climatique. Le Réseau action climat (RAC) a mis en place un observatoire: pour l'année 2017, la France a dépassé ses objectifs de 6,7%, et ce dans trois secteurs très émetteurs: les transports (+10,6%), le bâtiment (+22,7%) et l'agriculture (+3,2%).

«La France a un grand handicap: aujourd'hui, sa trajectoire intérieure, qu'il s'agisse de l'actualisation de la programmation pluriannuelle de l'énergie, de notre alimentation, de nos modes de fonctionnement et de transport, n'est pas du tout dans les clous.»

Le bilan écologique d'Emmanuel Macron n'est pas tout à fait noir: sous sa présidence, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été abandonné, les dernières centrales à charbon devraient fermer d'ici à 2022, le bio devrait se développer dans les cantines… «Certaines initiatives ont été accomplies. Mais ce sont des initiatives relativement timides», tranche Nicolas Imbert, se demandant si ce titre ne vise pas simplement à encourager les États dans la voie de l'effort écologique. «Mais dans ce cas-là […] il faut que le Président change et impulse sa politique pour être beaucoup plus ambitieux en termes d'environnement».

«On ne parle pas que de climat, mais de biodiversité, de respect de l'océan, de la vie animale, et de capacité à changer de modèle, sortir de l'énergie fossile et de notre dépendance au fossile et construire notre résilience commune par rapport aux phénomènes climatiques extrêmes, mais aussi la résilience de notre activité économique.» 

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