S-300 russes en Syrie: le coût de l’«erreur de taille» d’Israël

© Sputnik . Russian Defence Ministry / Accéder à la base multimédiaS-300 Favorite surface-to-air missile systems battalion during a march conducted as part of a bilateral drill involving air defense and aviation forces of the Western Military District
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L'«agression» israélienne contre l'Il-20 russe, peu après l'adoption de l'accord Russie-Turquie sur Idlib, ne pouvait pas éviter une «réponse ferme» de la Russie, a déclaré à Sputnik l'analyste politique Antoine-Noura Charpentier, qui déchiffre pour nous le contexte des livraisons de S-300 russes à la Syrie.

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Si l'accord russo-turc sur Idlib n'a pas laissé Israël indifférent, le pays semble tout de même avoir choisi un moyen peu prudent de démontrer sa grogne, a affirmé Antoine-Noura Charpentier, analyste et écrivain politique et spécialiste de la région moyen-orientale dans un entretien à Sputnik. Du rôle d'Israël dans le crash de l'Il-20 à la décision russe d'octroyer des batteries antiaériennes S-300 à la Syrie, analyse.

Pour M.Charpentier, la Russie se voit logiquement «dans l'obligation de donner une réponse ferme à Israël» suite à «l'agression commise par Israël» contre la Russie le 17 septembre dernier ayant coûté la vie à 15 soldats russes.

«La Russie a longtemps cherché à éviter le risque d'une confrontation directe avec Israël sur le sol syrien, mais Israël est allé trop loin cette fois, notamment en voulant manifester son mécontentement à propos de l'accord de Sotchi entre le Président Poutine et le Président Erdogan. C'est dans ce contexte que nous pouvons placer la livraison des S-300 russes à la Syrie», a-t-il expliqué. «Les dirigeants israéliens ont commis une erreur de taille qui va contribuer sérieusement à la réduction de leur marge de manœuvre dans le dossier syrien».

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Tandis que le ministre adjoint russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a estimé que la livraison des systèmes S-300 à la Syrie ne compromettait en aucun cas les relations entre la Russie et l'État hébreu, les circonstances sont loin d'être similaires à celles de 2013, a déclaré M.Charpentier.

À cette époque-là, Moscou avait suspendu ses livraisons de S-300 à la demande de la partie israélienne lorsque les complexes étaient déjà sur le point d'être octroyés à la Syrie et les militaires syriens avaient déjà suivi l'entraînement nécessaire, comme l'a rappelé récemment le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Israël avait ainsi réussi à stopper la livraison des S-300 à la Syrie «profitant de ses relations avec la Russie, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui», a révélé M. Charpentier. «De sa propre faute».

«La Russie prouve une énorme faculté d'adaptation aux différentes situations politiques et stratégiques qu'elle affronte depuis plusieurs années dans le monde en général et en Syrie en particulier», a-t-il précisé, ajoutant que toute spéculation sur les probables réponses de la Russie était pourtant une tâche compliquée et inutile.

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Dans le même temps, tandis qu'Israël se lance directement sur le champ de bataille, les puissances occidentales semblent en être plutôt «évincées» et cherchent elles aussi des moyens de faire montre de leur grogne. Aux yeux de la diplomatie française, l'accord entre Erdogan et Poutine «ouvre un espace à la diplomatie mais ne met pas fin» à la guerre. Selon l'interlocuteur de Sputnik, ce pourrait être le sentiment de se retrouver «hors-jeu» qui se cacherait derrière une telle position:

«Il est normal que la France soit mécontente d'avoir été évincée du "dossier d'Idlib" à l'instar d'autres pays occidentaux. L'accord de Sotchi a mis en quelque sorte l'axe atlantique, dont la France fait partie, hors-jeu».

En outre, la question se pose sur sa définition de la forme que doivent prendre les processus diplomatiques, dans l'optique de Paris, a poursuivi M.Charpentier.

«L'accord de Sotchi permet de récupérer Idlib sans avoir une bataille sanglante et des pertes humaines. Ce n'est pas ça le travail de la diplomatie? Si la France considère que l'accord entre Poutine et Erdoğan ne met pas fin à la guerre en Syrie, sachant qu'Idlib était la dernière des batailles, la mère des batailles, qu'est-ce qu'elle propose? Il ne suffit pas de critiquer et de faire des déclarations, il s'agit de mettre un terme aux combats en Syrie», résume Antoine-Noura Charpentier.

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