Pour M.Charpentier, la Russie se voit logiquement «dans l'obligation de donner une réponse ferme à Israël» suite à «l'agression commise par Israël» contre la Russie le 17 septembre dernier ayant coûté la vie à 15 soldats russes.
«La Russie a longtemps cherché à éviter le risque d'une confrontation directe avec Israël sur le sol syrien, mais Israël est allé trop loin cette fois, notamment en voulant manifester son mécontentement à propos de l'accord de Sotchi entre le Président Poutine et le Président Erdogan. C'est dans ce contexte que nous pouvons placer la livraison des S-300 russes à la Syrie», a-t-il expliqué. «Les dirigeants israéliens ont commis une erreur de taille qui va contribuer sérieusement à la réduction de leur marge de manœuvre dans le dossier syrien».
À cette époque-là, Moscou avait suspendu ses livraisons de S-300 à la demande de la partie israélienne lorsque les complexes étaient déjà sur le point d'être octroyés à la Syrie et les militaires syriens avaient déjà suivi l'entraînement nécessaire, comme l'a rappelé récemment le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.
Israël avait ainsi réussi à stopper la livraison des S-300 à la Syrie «profitant de ses relations avec la Russie, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui», a révélé M. Charpentier. «De sa propre faute».
«La Russie prouve une énorme faculté d'adaptation aux différentes situations politiques et stratégiques qu'elle affronte depuis plusieurs années dans le monde en général et en Syrie en particulier», a-t-il précisé, ajoutant que toute spéculation sur les probables réponses de la Russie était pourtant une tâche compliquée et inutile.
«Il est normal que la France soit mécontente d'avoir été évincée du "dossier d'Idlib" à l'instar d'autres pays occidentaux. L'accord de Sotchi a mis en quelque sorte l'axe atlantique, dont la France fait partie, hors-jeu».
En outre, la question se pose sur sa définition de la forme que doivent prendre les processus diplomatiques, dans l'optique de Paris, a poursuivi M.Charpentier.
«L'accord de Sotchi permet de récupérer Idlib sans avoir une bataille sanglante et des pertes humaines. Ce n'est pas ça le travail de la diplomatie? Si la France considère que l'accord entre Poutine et Erdoğan ne met pas fin à la guerre en Syrie, sachant qu'Idlib était la dernière des batailles, la mère des batailles, qu'est-ce qu'elle propose? Il ne suffit pas de critiquer et de faire des déclarations, il s'agit de mettre un terme aux combats en Syrie», résume Antoine-Noura Charpentier.