Les Présidents russe et turc se sont entendus, lundi à Sotchi, de créer d'ici le 15 octobre une zone démilitarisée le long de la ligne de démarcation entre l'opposition armée et les forces gouvernementales syriennes dans le gouvernorat d'Idlib.
Au lendemain des négociations, les médias ont commencé à évaluer la décision adoptée lors de la réunion entre les deux Présidents:
Un accord malgré les discordes
Le journal néerlandais Telegraaf note que les dirigeants des deux pays ont pu parvenir à l'accord après «des désaccords majeurs» sur l'avenir d'Idlib. Alors que la position russe soulignait la nécessité d'éliminer le terrorisme dans le gouvernorat, M.Erdogan a déclaré à plusieurs reprises qu'il craignait qu'une opération ne provoque une «catastrophe humanitaire».
Le Monde écrit que lundi, la Russie et la Turquie ont pu parvenir à un accord malgré les divergences sur la situation à Idlib lors du sommet de Téhéran. Ainsi, selon le journal, alors que la Russie semblait «pressée d'en finir avec la rébellion», «la Turquie, soutien des groupes rebelles dits modérés, est en revanche fermement opposée à une offensive».
Pour le journal allemand Zeit, les désaccords entourant Idlib ont nui aux relations entre la Russie et la Turquie, qui, dans d'autres domaines, entretiennent de bonnes relations. La Russie soutient les plans de l'armée syrienne visant à libérer le dernier vaste territoire dominé par les islamistes et l'opposition syrienne. La Turquie est un pays garant de l'accomplissement des obligations de l'opposition syrienne et veut empêcher une nouvelle escalade de violence près de sa frontière.
Une catastrophe humanitaire évitée
Grâce au plan conjoint russo-turc de créer une zone démilitarisée à Idlib, il sera possible de «prévenir le risque immédiat d'une catastrophe humanitaire dans la dernière grande enclave de rebelles syriens», a estimé le journal britannique The Guardian.
Le journal The New York Times note que la décision des dirigeants turc et russe «a apparemment retardé les prédictions d'une invasion sanglante d'Idlib par les troupes du Président syrien Bachar el-Assad et ses alliés, la Russie et l'Iran.»
La Russie a fait des concessions à la Turquie
The Financial Times écrit que la Russie a «fait des concessions» au Président turc, car l'accord prévoyait de renoncer à toute frappe contre les terroristes dans la province, tandis que Moscou et Damas en ont parlé.
«Pour la Russie, l'accord de lundi est une opportunité pour attirer la Turquie, qui possède la deuxième plus grande armée parmi les pays membres de l'Otan, dans son camp à un moment où les relations entre Ankara et Washington ont atteint leur point historiquement le plus bas», écrit The Wall Street Journal.
Pour The Guardian, cet accord sera considéré comme un symbole de l'influence d'Erdogan sur Poutine et constitue un grand pas en avant par rapport au sommet tripartite à Téhéran sur la Syrie.
Les objectifs de la Turquie
«L'enjeu est double pour la Turquie: Ankara veut d'une part éviter un nouvel afflux de réfugiés syriens provoqué par une offensive d'envergure, alors que le pays a déjà accueilli plus de trois millions de Syriens depuis le début du conflit», écrit Le Parisien. En revanche, comme l'indique le journal, la Turquie s'inquiète du sort des centaines de soldats turcs déployés dans les douze postes d'observation établis à Idlib pour veiller au respect de la «désescalade» mise en place dans le cadre du processus d'Astana.
Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'objectif du Président turc est d'empêcher l'apparition d'une région kurde autonome à la frontière avec la Turquie. M.Erdogan craint que les Kurdes en Syrie puissent soutenir la minorité kurde en Turquie.
Pour sa part, son homologue turc s'est déclaré persuadé que le document empêcherait une crise humanitaire à Idlib. Le gouvernement de Damas s'est également félicité de l'accord devant selon lui permettre d'«éviter l'effusion de sang des Syriens».