Pourquoi les USA échouent à construire de nouveaux sous-marins nucléaires

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16 missiles intercontinentaux installés dans des silos verticaux, un réacteur nucléaire prévu pour presque 50 ans de service et un prix de 6 milliards de dollars pièce: dans les dix prochaines années, les USA renforceront leur flotte sous-marine avec de nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de classe Columbia.

Selon l'idée du commandement de la marine, les futurs sous-marins remplaceront les SNLE de classe Ohio, obsolètes, pour rester en service jusqu'en 2085. Toutefois, un défaut de fabrication découvert dès le stade initial de la construction remet ces plans en question.

Des sous-marins en or

Le premier des douze sous-marins de classe Columbia devrait entrer en service dans la marine américaine en 2028. Selon les informations disponibles, le sous-marin sera dirigé et entretenu par un équipage de 155 hommes. Le bâtiment, d'environ 170 mètres et d'un déplacement d'eau de plus de 20.000 tonnes, recevra 16 missiles de quatrième génération Trident II, dont la portée dépasse 11.000 km. Il est capable d'embarquer 8 ogives à guidage individuel d'une puissance de 475 kilotonnes ou 14 ogives de 100 kilotonnes.

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L'une des particularités du nouveau sous-marin est son réacteur nucléaire qui n'a pas besoin de ravitaillement pendant toute sa durée de service, soit 42 ans — tout de même. Autre nouveauté: la propulsion électrique qui, couplée à l'empennage arrière en forme de X, réduira significativement le niveau de bruit émis par le sous-marin pour en faire l'un des plus furtifs au monde.

Le Columbia est censé remplacer progressivement les croiseurs de classe Ohio en service depuis plus de 30 ans. Actuellement, ils sont une quinzaine dans la marine et chacun embarque 24 missiles intercontinentaux.

Le Columbia sera le premier sous-marin au monde où le service sera confortable aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Auparavant, les jeunes femmes n'étaient pas admises dans les équipages de sous-marins. L'interdiction a été levée en 2010, et aujourd'hui la marine américaine compte 130 matelots et officiers femmes. Les nouveaux sous-marins seront équipés de douches séparées, et les lits seront dotés d'escaliers supplémentaires menant au niveau supérieur. De plus, tous les écrans électroniques et les panneaux d'information seront placés plus bas que sur d'autres sous-marins, et bien moins d'efforts seront nécessaires pour actionner la plupart des systèmes mécaniques.

Selon un rapport du Congrès, le programme de construction de nouveaux sous-marins stratégiques est préalablement évalué à plus de 120 milliards de dollars, c'est-à-dire que chaque bâtiment coûtera en moyenne 6 milliards de dollars au budget américain. Cette somme inclut les dépenses pour les travaux de recherche et développement et la fabrication des sous-marins.

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Le Columbia est censé remplacer progressivement les croiseurs de classe Ohio

Un «poisson pas assez cuit»

Si ce projet est l'un des plus coûteux de l'industrie américaine de l'armement, il est encore difficile de dire que c'est une réussite. Des défauts de soudure dans les tubes de lancement ont été découverts dès la première étape de construction. Selon les experts de la revue américaine Defense News, cela pourrait suspendre tout le programme de production de ces sous-marins, cruciaux pour le pays du point de vue de la dissuasion nucléaire.

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Cela affectera également la construction d'autres bâtiments, notamment les sous-marins nucléaires de classe Virginia avec des missiles de croisière — le fait est que leur structure utilise les mêmes vecteurs universels que le Columbia. Actuellement, la production des sous-marins est suspendue et une enquête est en cours.

Ce n'est pas la première fois que les Américains sont confrontés à des problèmes dans la construction de bâtiments navals. Par exemple, rappelons-nous de la fameuse histoire de l'entrée en service de super-destroyers Zumwalt: le premier navire de la série DDG-1000 était arrivé dans les rangs de la marine américaine le 16 octobre 2016, mais un mois plus tard, le 21 novembre, il était tombé en panne dans le canal de Panama alors qu'il se rendait à San Diego, à cause d'une défaillance des arbres de commande des deux moteurs. Le destroyer a été remorqué jusqu'au port où, en plus, a été découverte une fuite de liquide dans le système de refroidissement. Le deuxième destroyer de la série DDG-1001, Michael Monsoor, connaît également de sérieux problèmes de moteur. Le navire a rencontré une panne au niveau des filtres harmoniques qui protègent les équipements électroniques sensibles contre les fluctuations de courant. Au final, le Michael Monsoor a été temporairement privé de la majeure partie de ses équipements électroniques high-tech.

Un autre projet tristement célèbre est celui du tout nouveau porte-avions Gerald Ford. Ce navire devait entrer en service en 2019, mais les pannes permanentes de différents systèmes et équipements ont repoussé l'échéance à 2022.

© Photo Public Domain / U.S. Navy / USS Zumwalt (DDG-1000)USS Zumwalt (DDG-1000)
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Entre prix au rabais et chaîne de sous-traitance

D'après l'expert militaire Alexeï Leonkov, les problèmes de qualité du matériel militaire américain sont apparus suite au rapprochement du complexe militaro-industriel avec le Pentagone entre 1991 et le début des années 2000.

«Des schémas de corruption se sont formés, les contrats sont exécutés à des prix gonflés. Le complexe militaro-industriel a simplement commencé à se faire de l'argent grâce au Pentagone, sans pour autant prêter attention à la qualité. De nombreuses usines se trouvent en dehors des USA. Elles économisent sur les composants, elles sous-traitent le travail, alors que les chantiers navals et les usines s'occupent uniquement de l'assemblage final», explique Alexeï Leonkov.

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De plus, les USA manquent cruellement d'ingénieurs. Les problèmes fréquents et les défauts de fabrication témoignent de la mauvaise qualification du personnel et, peut-être aussi, d'une motivation insuffisante. «C'est la même chose dans d'autres pays: la génération actuelle ne veut pas lier sa vie au travail dans des usines et des entreprises industrielles. Alors qu'en Russie il existe encore des dynasties ouvrières, des traditions industrielles. Par exemple, sur certains chantiers navals et usines d'aviation, le service de plusieurs générations d'employés dépasse largement l'âge des entreprises elles-mêmes», souligne l'expert.

Un autre facteur qui influence la qualité des armements est l'absence, aux USA, de la notion de contrôle d'inspection. «En Russie les armements font l'objet d'une inspection très stricte lors de leur réception et les armes défaillantes ne sont pas mises en service. Bien sûr, il y a des exceptions, des excès isolés, mais quand c'est découvert les responsables subissent de graves sanctions allant jusqu'aux poursuites pénales. Aux USA, même les essais officiels se déroulent autrement. En Russie le matériel est testé dans des conditions très austères, et si c'est un char il se fait également tirer dessus. Les Américains n'ont jamais tiré sur leurs Abrams mais croient sur parole qu'ils sont blindés», ajoute l'expert.

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Une attention particulière est traditionnellement accordée, en Russie, au développement et à la fabrication d'armements stratégiques pour éviter des lacunes majeures. Ainsi, la flotte du Nord et du Pacifique sont activement réarmées aujourd'hui avec des SNLE du projet Boreï. D'ici 2020, la marine recevra 8 sous-marins de cette classe. Le premier navire Iouri Dolgorouki (mis en service le 10 janvier 2013) travaille déjà au sein de la flotte du Nord, le deuxième croiseur Alexandre Nevski et le troisième, Vladimir Monomakh, font partie de la flotte du Pacifique. Les croiseurs Prince Vladimir, Prince Oleg, Généralissime Souvorov, Empereur Alexandre III et Prince Pojarski sont en construction.

Du point de vue de la construction et de la qualité de fabrication des croiseurs, le ministère de la Défense n'avait pas de remarques particulières pour l'industrie de l'armement, hormis quelques difficultés avec les essais de leur arme principale — le tout nouveau missile Boulava. Les lancements entre 2006 et 2009 étaient ratés, le logiciel rencontrait des problèmes, les missiles s'autodétruisaient, déviaient de leur trajectoire, et les moteurs du troisième étage étaient instables.

Les experts ne l'associaient pas aux particularités structurelles du sous-marin, mais au travail insatisfaisant des entreprises qui fabriquaient les missiles. Au final, les délais de mise en service du Boulava ont été significativement retardés. Cependant, les ingénieurs russes ont déjà surmonté toutes les difficultés.

 

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