Quelles seront les conséquences de cette décision et quelle en est la véritable raison?
«Le tout nouvel avion russe de surveillance Tu-214ON ne sera pas autorisé à survoler les territoires et États membres du traité Ciel ouvert, a annoncé Sergueï Ryjkov, directeur du Centre national pour la réduction du risque nucléaire. Pendant la procédure de vérification à la base aérienne de Koubinka du 2 au 11 septembre, toutes les délégations ont confirmé la conformité de l'appareil, sauf les Américains».
Comme l'a déclaré le directeur du Centre national pour la réduction du risque nucléaire dans une interview, les USA ont montré une fois de plus que ce n'était pas la conformité de l'avion aux normes qui comptait, mais les questions politiques. Selon lui, les USA ne peuvent pas se résigner au fait qu'avec son avion de surveillance moderne doté d'équipements numériques russes, Moscou a devancé les USA de 5-7 ans.
Le général Vladimir Popov, pilote militaire émérite de 1ère classe, n'exclut pas que l'autorisation du nouvel avion à effectuer des vols de surveillance puisse être considérée par les Américains comme une atteinte à leur image. «Ils ont peut-être agi ainsi par jalousie», estime-t-il.
Vladimir Popov souligne que les nouveaux équipements installés sur le Tu-214ON ne représentent certainement pas une menace pour les USA et ne peuvent pas être la véritable raison du refus de signer le document. «L'avion est nouveau, mais ses équipements possèdent un certificat international. Les mêmes équipements sont utilisés sur les Boeing américains et les avions de surveillance d'autres pays membres du traité. Tout est très réglementé dans le traité: les appareils photo, les systèmes de reconnaissance, les radars, les fréquences. Il ne faut pas craindre l'avion en tant que tel. De plus, les équipements qu'ils trouvent suspects ou interdits peuvent être consignés ou même démontés», précise-t-il.
Le traité Ciel ouvert a été signé le 24 mars 1992 à Helsinki. Dans le cadre de ce dernier, les pays survolent les territoires des autres pays signataires pour contrôler l'activité militaire et le respect des accords de contrôle des armements.
La situation actuelle n'est pas la première confrontation entre les USA et la Russie dans le cadre du traité Ciel ouvert. En particulier, en décembre 2017, les Américains avaient fermé à la Russie les survols de l'Alaska et d'Hawaï parce que la «sous-limite» russe de survol ne leur avait pas permis de mener une inspection au-dessus de Kaliningrad. En réponse, la Russie avait également décrété des restrictions contre les USA dans le cadre du traité à partir du 1er janvier 2018. De plus, le budget américain adopté pour l'année fiscale 2019 limite le financement de plusieurs travaux pour la mise en œuvre du traité Ciel ouvert.
Selon lui, de tels incidents ne profitent à personne. «Le traité comporte notamment une mission de maintien de la paix. C'est une possibilité supplémentaire pour aider les diplomates et les militaires à ne pas se regarder les uns les autres à travers un viseur. Il aide à régler les questions problématiques», précise-t-il.
Konstantin Sivkov, docteur ès sciences militaires et vice-président de l'Académie d'études géopolitiques, va plus loin: il considère que les «USA passent à une guerre ouverte».
«Les Américains disent que le traité Ciel ouvert ne leur est pas bénéfique, que de toute évidence ils ne le respecteront pas — avec toutes les conséquences que cela implique. Le contrôle de l'état des armements cesse des deux côtés, ce qui est bénéfique actuellement pour les USA», déclare l'expert.
Il suppose que les Américains comptent sur la reconnaissance spatiale pour obtenir des informations sur les armements russes. «Apparemment, ils pensent que cela suffit. La Russie dispose également de telles capacités, mais pas au même niveau que les USA. Le système de reconnaissance spatiale de la Russie est bien plus faible que celui des Américains. Simplement parce que le groupe de satellites russe est moins grand. C'est assez banal», conclut Konstantin Sivkov.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.