UPDATE: Dans la première version publiée le 6 septembre 2018 par notre site, nous assurions que l'initiative des «elfes», sorte d'«anti-trolls» supposés lutter contre la «désinformation» russe sur la toile, avait vu le jour en Lettonie. Nous avions commis une erreur. En effet, elle a bien vu le jour en Lituanie avant de toucher rapidement par la suite la Lettonie.
La propagande russe à l'attaque, et plus que jamais? C'est en substance ce qui ressort des 214 pages du rapport publié le 4 septembre par quatre experts du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère des Affaires étrangères et de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM). Passons les lieux communs, la sélectivité du traitement et la bienveillance à l'égard du pouvoir qui tapissent les dizaines de pages de l'étude, les auteurs ont cité de manière positive plusieurs initiatives baltes visant à contrer la «désinformation de la Russie». Ces dernières sont plus que discutables sur le fond. Le ton du rapport apparaît moins surprenant quand on connaît le parcours de plusieurs de ses auteurs tels que Jean-Baptiste Jeangène Vilmer et Alexandre Escorcia. Le premier est membre du Academic Advisory Board du Collège de défense de l'Otan et le second a été conseiller politique de l'organisation durant plus de trois ans.
Premièrement, ils louent l'initiative des «elfes» lituaniens censés s'opposer à la «propagande» des vilains «trolls» russes. Vous êtes perdus? Les seconds sont qualifiés de «propagandistes» ayant «infecté» les réseaux sociaux. Leur crime? Propager une vision trop pro-russe au regard de Paris. Leurs adversaires autoproclamés «elfes», qui sont, selon le rapport, des milliers, usent des mêmes techniques. Mais ils obtiennent le blanc-seing des auteurs car ils luttent contre la «désinformation» moscovite. Qui distribue les bons et les mauvais points? Qu'est-ce qui fait de vous un «elfe» ou un «troll»? L'idéologie interroge.
Les «elfes» avaient par la suite essaimé notamment en Lettonie où ils n'avaient pas fait long feu. Comme le rappelle Sputnik Lettonie, ils avaient été forcés d'abandonner le combat quelques jours après leur lancement en mars 2017. Le créateur du groupe, qui se trouve être un ancien membre du Centre d'investigation de la politique de l'Europe de l'Est, avait expliqué que les membres de son équipe avaient été identifiés et harcelés sur Internet, ce qui avait fait échouer le projet.
Autre louange discutable envers le Lituanien Andrius Tapinas. Ce célèbre présentateur connu pour ses positions antirusses s'en était pris en 2017 à Juozas Statkevicius, couturier lituanien qui avait critiqué la situation de son pays dans les colonnes de Sputnik. Crime odieux pour Andrius Tapinas qui avait accusé son compatriote de faire le jeu de l'ennemi russe. L'activiste avait fait sienne la croisade contre les «idiots inutiles» qui osaient parler à Sputnik. Lui et certain de ses proches se sont mis en tête de contacter des célébrités lituaniennes en se faisant passer pour des membres de Sputnik afin de dénicher ceux qui étaient prêts à échanger avec les journalistes du terrible média russe. Ambiance guerre froide. Cette initiative, qui rappelle le pire du maccarthysme, a été couronnée de succès. Tout du moins du point de vue d'Andrius Tapinas:
«Je demande pardon à tous mes confrères pour une telle provocation. À la fin de nos entretiens, on prévoyait de se présenter, mais je suis soulagé… Presque tous les artistes nous ont répondu une première fois et lorsqu'ils ont compris avec qui ils discutaient, ils nous ont poliment demandé de les rappeler. Après coup, ils n'ont plus jamais décroché.»
Lors de son émission hebdomadaire, il s'était félicité que la plupart des personnes contactées n'aient pas souhaité répondre au nom de Sputnik ou RT. Une certaine vision du journalisme… À noter que le présentateur collabore à la chaîne Current Time. Cette dernière est notamment financée par les États-Unis et a pour but de cibler les russophones afin de les «désintoxiquer» de la «propagande» de Moscou.