«Nous sommes en guerre avec la Chine»: les Américains délogés d'Afrique

© AFP 2024 Yasuyoshi CHIBAPeople hold Chinese and Djiboutian national flags as they wait for the arrival of Djibouti's President Ismail Omar Guellehas before the launching ceremony of new 1000-unit housing contruction project in Djibouti, on July 4, 2018.
People hold Chinese and Djiboutian national flags as they wait for the arrival of Djibouti's President Ismail Omar Guellehas before the launching ceremony of new 1000-unit housing contruction project in Djibouti, on July 4, 2018. - Sputnik Afrique
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La guerre entre les États-Unis et la Chine dans l'espace économique, informatique et cybernétique, se déverse notamment sur l'espace médiatique russe. La «guerre» n'est pas une exagération, mais une citation exacte et littérale du discours de Steve Bannon, l'homme qui a conduit Trump à la Maison-Blanche.

«Nous sommes en guerre avec la Chine, et nous gagnons», disait Bannon en juillet à Londres. Et pour gagner, il ne faut pas seulement briser l'économie chinoise, mais également faire en sorte que Pékin n'ait plus d'alliés ni partenaires prêts à participer à son projet mondialisant. Ainsi, il ne restera qu'un seul projet mondialisant sur la planète: le Pax Americana dont tout le monde est très fatigué.

Quand le lecteur russe tombe sur un nouveau fake disant que les «Chinois ont abattu toutes les forêts», «acheté toute l'eau du Baïkal» ou «envahiront bientôt la Sibérie», il peut être certain de lire le résultat d'une campagne médiatique antichinoise financée et actuellement propagée de Lima à Vladivostok. Plus encore: à la propagande antichinoise s'ajoutent constamment de nouveaux thèmes. Par exemple, le travail est en cours sur la discréditation du projet «La ceinture et la route», et même sur les chaînes Telegram apparaissent des désinformations affirmant que la Chine se préparerait, avec les USA, à prendre à la Russie la Route maritime du Nord et les gisements pétroliers et gaziers de l'Arctique russe.

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C'est peut-être une coïncidence, mais l'intensité de la désinformation médiatique antichinoise croît fortement à l'approche d'importants événements diplomatiques comme la prochaine rencontre de Vladimir Poutine avec son homologue chinois Xi Jinping pendant le Forum économique oriental de Vladivostok ou encore le Forum de coopération Chine-Afrique actuel. Les Américains diffusent dans le monde entier le même message: «la coopération avec la Chine est un piège, alors que les prêts du FMI sont une bonne chose», espérant manifestement que les habitants des pays où le FMI a déjà productivement travaillé aient la mémoire trop courte et aucune envie de comprendre le problème.

D'un point de vue pragmatique, les propositions économiques chinoises ont plusieurs avantages incontestables par rapport aux schémas américains d'interaction économique. Ces avantages ont été une nouvelle fois énoncés par le Président Xi Jinping pendant son discours au Forum de coopération Chine-Afrique.

La principale spécificité des propositions d'investissement chinoises est qu'elles ne s'encombrent d'aucune politique inutile, plus exactement d'aucune prétention ou condition politique sortant du cadre de garantie de la sécurité de projets concrets financés par la Chine. Pékin ne fait pas de la charité et ses investissements, de l'Afrique à la Russie, s'appuient sur des notions tout à fait pragmatiques.

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Cependant, en comparaison avec le FMI, qui en échange de l'argent qu'il verse peut exiger et exige souvent, par exemple, d'augmenter les prix du gaz pour la population ou la priver de privilèges, de renvoyer des fonctionnaires ou d'organiser des structures judiciaires spéciales jouant le rôle de systèmes de contrôle sur la politique nationale sans être soumises aux autorités, il s'avère que les investissements chinois sont plus honnêtes. Dans le sens où ils se basent bien plus sur des considérations économiques que politiques. Du moins, Pékin n'a pas encore exigé d'augmenter les tarifs pour la population ou de renvoyer un procureur ou un Premier ministre, ce qui le distingue favorablement aux yeux de ses partenaires officiels.

De plus, sous certaines conditions, la Chine est prête à investir de l'argent simplement dans la stabilité sociale et le développement des pays les plus vulnérables — pendant ce même forum, Xi Jinping a déclaré que 15 milliards de dollars seraient alloués sous la forme d'aide gratuite, de prêts sans intérêts et de crédits préférentiels. C'est également une sorte d'investissement, mais pas dans le sens financier classique du terme.

Le gouvernement chinois part du principe logique qu'en construisant un «centre de soins avec une route» dans les contrées les plus reculées de l'Afrique (et pas seulement), à terme les habitants seront reconnaissants et il sera plus difficile de les dresser contre la Chine malgré les efforts de l'ambassade américaine locale. En outre, spécialement pour prévenir les accusations d'utiliser le piège de la dette en tant qu'instrument de pression diplomatique, le Président chinois a promis d'annuler les milliards de dettes des pays africains qui se trouvaient dans la situation économique la plus difficile. Dans ce sens, les actions de la Chine ressemblent à la politique russe vis-à-vis des dettes non remboursables de l'époque de l'URSS.

Une autre différence importante de l'approche chinoise par rapport aux alternatives américaines est la disposition de Pékin à investir dans l'infrastructure dont il ne sera pas l'unique bénéficiaire. A ce sujet, les médias américains aiment bien se moquer des partisans du projet «La Ceinture et la Route» en soulignant que les prêts obtenus ou les investissements dans le capital social des compagnies du projet serviraient quoi qu'il en soit à construire des ponts, des autoroutes et des voies ferrées pour l'exportation des ressources par des compagnies chinoises, rien d'autre. En réalité, les projets sont pratiquement toujours choisis et structurés de sorte à apporter un profit à tous les intéressés. Par exemple, il est évident que si le projet de ligne TGV Moscou-Kazan, qui intéresse le «Fonds de la Nouvelle route de la soie», était mis en œuvre, il profiterait avant tout aux Russes.

Et pour terminer, le plus important: Pékin est prêt à coordonner son projet d'intégration avec d'autres projets d'intégration en Europe (UE), en Russie et dans les pays voisins de la Russie (Union économique eurasiatique) ainsi qu'en Afrique, ce qui le distingue significativement son approche du principe américain: une hégémonie, un «consensus washingtonien», et une monnaie mondiale principale — le dollar américain. La concurrence des projets mondialistes est un processus bénéfique pour tous sauf Washington, et il faudra s'en rappeler quand quelqu'un propagera de nouveaux fakes dans les médias sur la «terrible menace chinoise».

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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