Comment l’industrie du café est-elle devenue victime des jeux en bourse?

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Depuis deux ans, les cours du café sur les marchés mondiaux sont en chute libre, ce qui ne s’explique pas que par le fait que l’offre excède la demande. Les spéculations de fonds d’investissement à la bourse de New York en sont grandement responsables, a déclaré à Sputnik Roberto Vélez, président de la Fédération des caféiculteurs de Colombie.

L'industrie du café, dont la Colombie est le troisième producteur mondial après le Brésil et le Vietnam, est à la peine, une livre de café (environ 0,45 kg) s'échangeant aujourd'hui pour un dollar contre un dollar et demi il y a encore deux ans, a constaté Roberto Vélez, président de la Fédération des caféiculteurs de Colombie, dans un entretien accordé à Sputnik.

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«C'est un prix dérisoire qui ne correspond pas au prix de revient et rend impossible la production rentable de café en Colombie. […] Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le problème uniquement de la Colombie, mais de 25 millions de familles et de 100 millions de personnes que la production de café fait vivre dans le monde», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.

Et de rappeler que, dans leur grande majorité, les pays exportateurs de café sont des économies en développement, peu résistantes face à la baisse de la demande aux matières premières exportées.

«Pour ce qui est de l'offre et de la demande, tous les acteurs du marché comprenaient que les prix allaient baisser. Pourtant la situation a été aggravée par l'ingérence de fonds d'investissement et de vendeurs de titres dans le secteur du café à la bourse de New York», a poursuivi M.Vélez.

Et d'expliquer que les fonds d'investissement qui n'avaient en réalité rien à voir avec l'industrie du café étaient de plus en plus appâtés par les profits qu'ils pourraient tirer des achats-ventes de contrats à terme.

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«Le problème des caféiculteurs est que les fonds d'investissement sont des intrus dans le secteur. […] Ils vendent les contrats à terme à un prix bien déterminé, en baissant le prix de la marchandise pour la racheter ensuite à un prix inférieur. Aussi, tirent-ils un revenu de la différence entre le prix initial et le prix final», a expliqué le Colombien.

Selon ce dernier, tout cela a amené le marché à des prix artificiellement bas du café qui ne couvrent même pas son coût de production. Et si la plupart des grains de café proviennent des pays en développement, les plus gros consommateurs de café sont les pays les plus industrialisés du monde.

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D'après l'Organisation internationale du café (ICO), des 109 millions de sacs [le sac de 60 kg est l'unité de mesure quand il s'agit du café, ndlr] exportés, l'Union européenne en consomme 42,6 millions et les États-Unis environ 26 millions.

De chaque tasse de café vendue pour 3,5 dollars sur ces marchés, «le producteur de café ne reçoit qu'un peu plus de trois cents», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.

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