L'étau se resserre autour de la plateforme de location Airbnb, plus tellement participative. Alors qu'elle devait initialement mettre des particuliers en contact, ou leur permettre de boucler leurs fins de mois, elle a fini par transformer certains logements en meublés touristiques, loués en permanence.
Face aux «spéculateurs et investisseurs, qui ont acheté spécifiquement des appartements pour faire du Airbnb», explique M. Jacquemart, la mairie de Paris a décidé de resserrer la vis, afin que les Parisiens puissent continuer à se loger à des prix moins exorbitants qu'a l'accoutumé, car ces plateformes perturbent «complètement le marché locatif immobilier» et contribuent «à tendre les prix dans les zones tendues».
Obligation de s'enregistrer auprès de la mairie pour vérifier que les propriétaires paient la taxe de séjour et ne dépassent pas la durée de location maximale autorisée établie à Paris à 120 jours par an, obligation pour la plateforme de bloquer la location dépassant ce délai.
Désormais, les particuliers qui en font un vrai business sont avertis: déjà 1,384 million d'Euros d'amendes ont été infligés entre le 1er janvier et le 15 août 2018, un chiffre qui dépasse déjà le total de l'année précédente, qui culminait à 1,319 million d'euros.
«Ce que fait la mairie de Paris, c'est courageux. C'est compliqué de s'attaquer à ce genre de lobby», commente M. Jacquemart, tout en soulignant que Paris reste relativement clémente, par rapport à ses voisins européens: «Je pense qu'il faut aller beaucoup plus loin, et notamment prendre exemple sur nos voisins européens […] à Berlin les autorités interdisent purement et simplement la location entière d'un logement, seulement une chambre ou une partie du logement.»
Preuve que l'on dépasse de loin la simple location occasionnelle, une économie parallèle s'est développée dans le sillon des plateformes de location. Suivant à leur expansion, des services conciergeries extérieurs ont pris de l'envergure depuis quelques années, pour soulager le loueur pressé. Une myriade de startup propose ainsi de s'occuper des clés, du pressing, de faire un ménage professionnel et des lits «aux normes hôtelières».
Les loueurs délaisseront-ils ces services s'ils peuvent louer moins souvent? Quoi qu'il en soit, le vernis collaboratif s'écaille de plus en plus:
«L'esprit n'est plus soutenu par la plateforme elle-même, c'est inquiétant», estime M. Jaquemart. «Airbnb, quand on va sur le site, ils ont obligé les propriétaires, à partir du 1er juillet, à fournir aussi toute la panoplie hôtelière, serviettes, draps, savon, etc. Il y a une incitation de la part de la plateforme.»
De plus, comme de nombreux géants du numérique, Airbnb s'arrange pour payer le moins d'impôts possible en France, comme l'indiquait Le Parisien en août dernier: un peu plus de 90.000 € en 2016.
Mais c'est pour une autre raison qu'elle est aujourd'hui dans le viseur de Bruxelles: elle a jusqu'à la fin du mois pour mettre ses conditions d'utilisation en conformité avec les règles européennes et rendre ses tarifs plus transparents.