USA vs. Chine: qui torpille en réalité la dénucléarisation de la péninsule de Corée?

© AP Photo / Andy Wong, FileDonald Trump et Xi Jinping
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Dans sa déclaration du 29 août, le Président américain affirme que c’est la Chine qui exerce une pression sur la Corée du Nord en entravant les efforts de dénucléarisation de la péninsule de Corée. Donald Trump tente-il ainsi de détourner l’attention de la politique américaine avec ce dossier?

Donald Trump a déclaré mercredi avoir de bonnes relations avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, en accusant Pékin d'exercer une pression sur Pyongyang à cause des différends commerciaux avec Washington dans le but d'entraver le processus de dénucléarisation de la péninsule coréenne.

«Le Président Donald Trump est convaincu que la Corée du Nord est soumise à une pression énorme de la part de Chine à cause de nos différends commerciaux avec le gouvernement chinois. Dans le même temps, nous savons également que la Chine fournit une aide considérable, dont de l'argent, du carburant, des engrais et d'autres produits à la Corée du Nord», peut-on lire dans le communiqué de la Maison-Blanche.

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Malgré le fait que les États-Unis semblent avoir trouvé un responsable à l'impasse dans leurs négociations avec Pyongyang, les faits indiquent qu'ils ne sont pas si innocents.

Tour de vis des sanctions américaines

La déclaration du Président américain sur le caractère de ses relations avec le dirigeant nord-coréen est intervenue le jour même où Washington a tenté de renforcer les sanctions contre Pyongyang. Les États-Unis ont proposé au Conseil de sécurité de l'Onu d'imposer des mesures restrictives sur deux sociétés de navigation qui livrent du pétrole à la Corée du Nord. Mais cette initiative n'a pas été suivie en raison du véto de la Russie et la Chine.

Ce n'est pas la première fois que les propos du locataire de la Maison-Blanche contredisent les actes de son administration. Après son sommet «historique» avec Kim Jong-un, Donald Trump a écrit sur son compte Twitter qu'il n'y avait «plus de menace de la part de la Corée du Nord» et que les Américains pouvaient «dormir tranquillement».

Mais deux semaines plus tard, la Maison-Blanche a publié un ordre exécutif dans lequel elle a mis en avant «la menace extraordinaire» que représentent les armes nucléaires nord-coréennes.

En fait, Washington a continué à durcir les sanctions frappant Pyongyang. Le 15 août, il a élargi la liste des mesures restrictives contre la Corée du Nord en y intégrant également l'entreprise russe Profinet et son PDG Vassili Koltchanov, ainsi que le groupe chinois Dalian Sun Moon Star International Logistics Trading CO et une société basée à Singapour, SINSMS PTE. LTD.

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Le 12 juin, à l'issue de leur première rencontre à Singapour, Donald Trump et Kim Jong-un ont signé une déclaration commune dans laquelle ils se sont engagés à travailler à une «dénucléarisation complète» de la péninsule coréenne. L'agence centrale de presse nord-coréenne a fait savoir que Donald Trump avait consenti à lever les sanctions à mesure que «ce dialogue de bonne volonté» évoluerait. 

La question de la levée des sanctions est ainsi liée au processus de dénucléarisation de la péninsule de Corée. Mais le document signé à Singapour par le Président américain et le dirigeant nord-coréen ne fixe aucun cadre pour les délais, les promesses ou les informations sur les grandes étapes de cette dénucléarisation, ce qui permet aux deux pays d'interpréter le document à leur guise.

Début août, Washington a fait des propositions concrètes à Pyongyang, qui ont toutefois été rejetées par le gouvernement nord-coréen les ayant qualifiées d'«offres de gangsters». En effet, Kim Jong-un insiste sur le fait qu'il fera une première démarche vers la dénucléarisation si les États-Unis donnent des garanties de sécurité à Pyongyang, en signant un accord de paix. Cela peut se traduire par la suspension des exercices militaires menés par Washington et ses alliés dans la région et le retrait des troupes américaines de Corée du Sud. 

Garanties d'insécurité?

En ce qui concerne les activités militaires américaines dans la région, le Président américain a également annoncé dans son communiqué du 29 août qu'il ne voyait «aucune raison de dépenser de grandes sommes d'argent aux jeux de guerre des États-Unis et de la Corée du Sud».

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Néanmoins, le secrétaire à la Défense américaine, James Mattis, avait déclaré le 28 août que Washington n'avait pas l'intention de suspendre les exercices militaires conjoints avec Séoul. La Corée du Sud a également informé qu'elle discutait avec Washington de l'organisation en décembre de leur entrainement militaire annuel Vigilant Ace. L'an dernier, environ 230 avions militaires y ont participé. 

Par ailleurs, Pyongyang semble avoir d'autres motifs de douter de l'honnêteté de Washington. Le journal nord-coréen Rodong Sinmun a récemment accusé les États-Unis de «double jeu» et de «complot en vue de déclencher une guerre contre la Corée du Nord». Selon ce média nord-coréen, Washington est «en train d'organiser des exercices secrets impliquant des unités spéciales».

Dans cette situation, selon les données du site 38 North, Pyongyang a suspendu le démantèlement de sa base de lancement Sohae. En mai, dans le cadre d'efforts de détente, la Corée du Nord avait détruit le polygone de Punggye-ri, où Pyongyang procédait à ses tests nucléaires.

Bouc émissaire

Il semble ainsi que les États-Unis torpillent eux-mêmes les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule de Corée, ce qui n'empêche pourtant pas Donald Trump d'en accuser la Chine. Dans sa déclaration du 29 août, il reprend les déclarations de son tweet du 24 août dans lequel il a indiqué que Pékin ne favorisait pas le processus de dénucléarisation.

En réponse, la diplomatie chinoise a réitéré que Pékin soutenait «la dénucléarisation, la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne».

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En fait la dénucléarisation de la Corée du Nord peut jouer en faveur de la Chine. Selon Fred Kempe, président du think thank Atlantic Council, cité par CNBC, Pékin est intéressé par un possible retrait des militaires américains de Corée du Sud. Par ailleurs, il indique que la stabilité intérieure de la Corée du Nord protège la Chine de la menace de l'augmentation des flux migratoires depuis ce pays.

Après le sommet du 12 juin, Yu Dunhai, conseiller de la diplomatie chinoise, a indiqué que si «la Corée du Nord n'était plus un problème», il ne voyait plus de raisons de maintenir les troupes américaines en Corée du Sud.

La question est de savoir si Pékin pourrait sacrifier l'objectif de retrait des troupes américaines de la Corée du Sud au nom de sa guerre commerciale avec les États-Unis.

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