Donald Trump a déclaré mercredi avoir de bonnes relations avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, en accusant Pékin d'exercer une pression sur Pyongyang à cause des différends commerciaux avec Washington dans le but d'entraver le processus de dénucléarisation de la péninsule coréenne.
«Le Président Donald Trump est convaincu que la Corée du Nord est soumise à une pression énorme de la part de Chine à cause de nos différends commerciaux avec le gouvernement chinois. Dans le même temps, nous savons également que la Chine fournit une aide considérable, dont de l'argent, du carburant, des engrais et d'autres produits à la Corée du Nord», peut-on lire dans le communiqué de la Maison-Blanche.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 29, 2018
Tour de vis des sanctions américaines
La déclaration du Président américain sur le caractère de ses relations avec le dirigeant nord-coréen est intervenue le jour même où Washington a tenté de renforcer les sanctions contre Pyongyang. Les États-Unis ont proposé au Conseil de sécurité de l'Onu d'imposer des mesures restrictives sur deux sociétés de navigation qui livrent du pétrole à la Corée du Nord. Mais cette initiative n'a pas été suivie en raison du véto de la Russie et la Chine.
Ce n'est pas la première fois que les propos du locataire de la Maison-Blanche contredisent les actes de son administration. Après son sommet «historique» avec Kim Jong-un, Donald Trump a écrit sur son compte Twitter qu'il n'y avait «plus de menace de la part de la Corée du Nord» et que les Américains pouvaient «dormir tranquillement».
Mais deux semaines plus tard, la Maison-Blanche a publié un ordre exécutif dans lequel elle a mis en avant «la menace extraordinaire» que représentent les armes nucléaires nord-coréennes.
En fait, Washington a continué à durcir les sanctions frappant Pyongyang. Le 15 août, il a élargi la liste des mesures restrictives contre la Corée du Nord en y intégrant également l'entreprise russe Profinet et son PDG Vassili Koltchanov, ainsi que le groupe chinois Dalian Sun Moon Star International Logistics Trading CO et une société basée à Singapour, SINSMS PTE. LTD.
La question de la levée des sanctions est ainsi liée au processus de dénucléarisation de la péninsule de Corée. Mais le document signé à Singapour par le Président américain et le dirigeant nord-coréen ne fixe aucun cadre pour les délais, les promesses ou les informations sur les grandes étapes de cette dénucléarisation, ce qui permet aux deux pays d'interpréter le document à leur guise.
Début août, Washington a fait des propositions concrètes à Pyongyang, qui ont toutefois été rejetées par le gouvernement nord-coréen les ayant qualifiées d'«offres de gangsters». En effet, Kim Jong-un insiste sur le fait qu'il fera une première démarche vers la dénucléarisation si les États-Unis donnent des garanties de sécurité à Pyongyang, en signant un accord de paix. Cela peut se traduire par la suspension des exercices militaires menés par Washington et ses alliés dans la région et le retrait des troupes américaines de Corée du Sud.
Garanties d'insécurité?
En ce qui concerne les activités militaires américaines dans la région, le Président américain a également annoncé dans son communiqué du 29 août qu'il ne voyait «aucune raison de dépenser de grandes sommes d'argent aux jeux de guerre des États-Unis et de la Corée du Sud».
Par ailleurs, Pyongyang semble avoir d'autres motifs de douter de l'honnêteté de Washington. Le journal nord-coréen Rodong Sinmun a récemment accusé les États-Unis de «double jeu» et de «complot en vue de déclencher une guerre contre la Corée du Nord». Selon ce média nord-coréen, Washington est «en train d'organiser des exercices secrets impliquant des unités spéciales».
Dans cette situation, selon les données du site 38 North, Pyongyang a suspendu le démantèlement de sa base de lancement Sohae. En mai, dans le cadre d'efforts de détente, la Corée du Nord avait détruit le polygone de Punggye-ri, où Pyongyang procédait à ses tests nucléaires.
Bouc émissaire
Il semble ainsi que les États-Unis torpillent eux-mêmes les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule de Corée, ce qui n'empêche pourtant pas Donald Trump d'en accuser la Chine. Dans sa déclaration du 29 août, il reprend les déclarations de son tweet du 24 août dans lequel il a indiqué que Pékin ne favorisait pas le processus de dénucléarisation.
En réponse, la diplomatie chinoise a réitéré que Pékin soutenait «la dénucléarisation, la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne».
Après le sommet du 12 juin, Yu Dunhai, conseiller de la diplomatie chinoise, a indiqué que si «la Corée du Nord n'était plus un problème», il ne voyait plus de raisons de maintenir les troupes américaines en Corée du Sud.
La question est de savoir si Pékin pourrait sacrifier l'objectif de retrait des troupes américaines de la Corée du Sud au nom de sa guerre commerciale avec les États-Unis.
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