Interdiction des néonicotinoïdes: les abeilles enfin sauvées?

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Les pesticides les plus utilisés dans le monde et les plus nocifs pour la biodiversité sont sur le point d'être interdits: les pesticides néonicotinoïdes.

Sur cet ensemble de sept insecticides neurotoxiques (acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride, thiaméthoxame, nitenpyrame et dinotéfurane), l'Union européenne a décidé en avril d'en bannir trois pour les cultures de plein champ.

L'interdiction entrera en vigueur samedi 1er septembre en France pour cinq d'entre elles (les trois visés par l'UE, plus le thiaclopride et l'acétamipride).

Mais avec de possibles dérogations au cas par cas jusqu'en juillet 2020, des associations s'inquiètent, car même à faible dose, les néonicotinoïdes restent toxiques pour les abeilles. Elles s'inquiètent d'autant plus que son probable successeur serait nocif, lui, pour les bourdons…

D'après les chercheurs de l'université Royal Holloway de Londres, les bourdons étudiés auraient développé une sorte d'addiction à la nourriture contenant ces pesticides, risquant de mettre en péril leur système nerveux. Polinis, «ONG indépendante qui se bat pour la protection des abeilles et des pollinisateurs sauvages», se positionne contre les dérogations à venir et dénonce ces effets plus nocifs qu'on ne pensait:

​Les abeilles seront-elles enfin saines et sauves, après des années de controverse sur leur sort? Pas vraiment, d'après l'écotoxicologue Axel Decourtye, directeur scientifique et technique de l'Institut de l'abeille, interrogé par l'AFP: "Il ne faut pas considérer qu'on va tout régler en interdisant les néonicotinoïdes".

«C'est une bonne mesure, si elle s'accompagne d'une identification des alternatives pour les agriculteurs. Vu leur toxicité, on imagine que leur interdiction va améliorer les choses. Mais il faudrait avoir un moyen de surveiller la santé des abeilles de façon fiable […] Afficher qu'il s'agit aujourd'hui de la première cause de mortalité des abeilles ne repose sur aucun élément scientifique rigoureux.»

Il faut combattre sur d'autres «fronts», comme «les maladies et les prédateurs- surtout ceux qui sont introduits par les échanges commerciaux, comme le frelon asiatique-, contre la dégradation des habitats, l'appauvrissement de la flore», poursuit Axel Decourtye.

La décision de l'Union européenne d'interdire trois néonicotinoïdes "aura des conséquences sur l'agriculture et sur les céréales", avertit de son côté Philippe Pinta, président des producteurs de blé, sur FranceInfo.

«Des conséquences sur l'agriculture et sur les céréales, notamment par rapport aux orges diverses» […] concernées par «une maladie qui s'appelle la jaunisse nanisante de l'orge, liée aux pucerons, qui peut détruire l'intégralité de la production.»

Il estime aussi que interdiction «ne suffira pas» à résoudre le problème des abeilles. Condamnant le fait que le monde agricole est accusé à tort du déclin des abeilles, M. Pinta déplore qu'il n'y ait "pas d'alternative efficace pour l'homme, pour l'environnement et pour la plante", et «attend notamment une accélération des recherches génétiques».

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