La phase de moquerie a été dépassée assez rapidement, approximativement entre 2014 et 2017, quand l'un des sujets de plaisanterie les plus populaires parmi les journalistes et les experts américains et européens était l'opposition aux sanctions antirusses, ce qui était perçu comme la preuve d'un retard mental de la civilisation russe refusant d'admettre qu'il était «possible à tout moment de débrancher la Russie du système du dollar» et que ce serait alors «fini pour elle, qu'il faudrait rendre la Crimée, et qu'ensuite des chars Abrams circuleraient à Moscou».
L'une d'elles est qu'au lieu de mettre en application les menaces de longue date de bannir la Russie du système du dollar et de la débrancher du système SWIFT, l'administration américaine est contrainte d'inventer des mesures voyantes, symboliques et assez inutiles comme l'«interdiction d'accorder à la Russie des prêts publics américains» et celle d'apporter une aide publique à la Russie. Cela aurait pu être d'actualité en 1999, quand les autorités russes demandaient aux Américains du «poulet humanitaire», mais pas aujourd'hui, quand les groupes agro-alimentaires russes renvoient les agriculteurs américains vers leurs marchés d'exportation traditionnels.
Le fait est que la Russie sert d'exemple et de locomotive à la renaissance de l'or: la Banque centrale russe et la Banque centrale chinoise accroissent leurs réserves de ce métal précieux, pendant que des pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas rapatrient activement leur or de New York et de Londres. Les plateformes commerciales traditionnelles qui régissent le marché de l'or depuis deux siècles (Londres, New York et Chicago) commencent à éprouver une certaine concurrence du côté de l'Asie. Cela ressemble clairement à la préparation d'un «aérodrome de secours» qui ne s'est pas encore définitivement formé en tant que système, mais où il est possible d'assembler quelque chose de fonctionnel à partir d'une combinaison de monnaies nationales et d'or — la seule monnaie universelle qui a survécu depuis des siècles, qui ne peut être dévaluée et qui ne peut être «débranchée» pour des raisons politiques.
Le politologue Steve Hanke, du magazine Forbes, s'est projeté un peu plus loin dans l'avenir et prédit l'apparition d'une «alliance de l'or» Russie-Iran-Turquie — trois pays qui remplaceront le dollar par l'or pour se protéger contre les sanctions américaines. De plus, il rappelle la prédiction du lauréat du prix Nobel Robert Mundell, qui pensait que l'or jouerait un rôle significatif dans le système monétaire international du XXIe siècle.
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