4/ Accueillir des gens qui rejettent les valeurs fondamentales de l’Occident que sont la liberté, l’égalité, la tolérance et l’ouverture ne nous rend pas plus forts. Ceux qui refusent de s’intégrer et veulent vivre dans leur ghetto ne rendent pas notre société plus forte.
— Maxime Bernier (@MaximeBernier) 13 августа 2018 г.
Ses déclarations ont fait tellement de bruit que Maxime Bernier a fini par être critiqué par son propre chef et ancien adversaire, Andrew Scheer. Ancien opposant puisque Maxime Bernier avait failli devenir chef du Parti conservateur en mai 2017.
Le député québécois annonce maintenant qu'il va fonder un nouveau parti de droite. Avait-il alors prévu son coup? Pour en savoir plus, Sputnik s'est entretenu avec lui.
Un nouveau parti de droite au Canada
Maxime Bernier a confirmé qu'il allait fonder un nouveau parti de droite au Canada. Une formation «réellement conservatrice» parce que le député reproche à ses anciens collègues de s'être trop rapprochés du centre. L'élu n'entend pas perdre de temps: dans les prochains jours, il mettra la main à la pâte en vue de créer son grand parti.
«Dans les prochains jours, je vais m'atteler à rédiger la constitution du parti que je vais fonder. Je vais contacter Élections Canada pour regarder les procédures. La deuxième étape sera de créer le manifeste du parti. Pour ce faire, je vais m'inspirer des politiques que j'ai déjà mises de l'avant lors de ma dernière course au leadership au Parti conservateur», a affirmé Maxime Bernier en entrevue avec Sputnik.
Les reproches adressés au Parti conservateur concernent à fois l'économie et le multiculturalisme. Premièrement, Maxime Bernier accuse son ancienne formation de ne pas défendre une véritable politique de libre-échange. Deuxièmement, il l'accuse d'empêcher la critique d'un modèle de société menant à la ghettoïsation. Un modèle défendu par l'actuel Premier ministre, Justin Trudeau.
«Le multiculturalisme à l'extrême peut, oui, mener à la ghettoïsation, et c'est pour ça qu'il faut s'assurer d'une bonne intégration des immigrants, pour eux-mêmes d'abord, et pour la société canadienne ensuite.»
Maxime Bernier insiste beaucoup sur ce point: il voit la diversité culturelle comme une richesse, mais pense que sa valorisation extrême mène à la division.
«Ce que je reproche au gouvernement libéral de Trudeau, c'est de faire la promotion de la diversité à outrance. On est pour la diversité, mais on devrait mettre plus le focus sur l'unité. Il faut nous assurer de pouvoir accompagner les gens qui viennent ici, pour qu'ils puissent s'intégrer à la société canadienne.»
Maxime Bernier fait toutefois la différence entre le multiculturalisme et l'immigration. Selon lui, s'opposer au multiculturalisme ne veut pas dire de s'opposer à l'immigration. Au contraire, il pense que le Canada ne doit pas revoir à la baisse le nombre d'immigrés qu'il accueille en raison de la pénurie de main-d'œuvre. Pour s'adapter à la nouvelle réalité démographique, il propose de revoir les critères de sélection des immigrés pour favoriser le développement économique:
«Il faut changer le ratio des catégories d'immigration au Canada. Il faut beaucoup d'immigration économique, et un peu moins d'immigration basée sur la réunification des familles, et continuer à accueillir un certain nombre de réfugiés. On manque de main-d'œuvre au Canada, alors la demande, elle est là.»
La nuance faite par Maxime Bernier entre multiculturalisme et immigration pourrait donner du fil à retordre à ses adversaires. En effet, depuis ses déclarations controversées, certains ont associé le député à des courants xénophobes et anti-immigration. Dans le journal La Presse, un chroniqueur célèbre au Québec l'a même accusé de «flatter les fachos dans le sens du poil».
Oui à l'immigration, non au multiculturalisme
Après la diffusion de la vidéo, nous avons appris que cette femme faisait probablement partie d'un groupe identitaire. Mais Maxime Bernier persiste et signe: la liberté d'expression est fondamentale et n'est pas réservée à un seul groupe. Il accuse la gauche d'instaurer un climat de censure auquel contribue Justin Trudeau:
«C'est un comportement typique de la gauche [insulter au lieu de débattre, ndlr]. Souvent, on ne fait que poser une question par rapport à une réalité, et on se fait traiter immédiatement de raciste. Ça m'est arrivé récemment sur Twitter, quand j'ai commencé à faire mes déclarations […]. Je trouve que les propos de Monsieur Trudeau sont déplorables, car c'était une question légitime de la dame. Si cette dame appartient à un groupe identitaire, c'est son choix, mais le Premier ministre a le devoir de répondre à ces questions-là de manière plus civilisée.»
Enfin, Maxime Bernier s'est dit très optimiste pour l'avenir de son parti. Il a même cité en exemple le parcours d'Emmanuel Macron.
«Le président de la France, Monsieur Macron, a quitté le Parti socialiste moins d'un an avant les présidentielles françaises, et a réussi à créer un nouveau parti et à devenir président. Dans cette optique, je pense que tout est possible. Je pense que je peux être l'alternative conservatrice à Justin Trudeau lors de la prochaine campagne électorale.»
Maxime Bernier deviendra-t-il l'Emmanuel Macron conservateur du Canada? Les paris sont ouverts.