Double scandale sexuel et menace de destitution: le nouveau cauchemar de Trump

© REUTERS / Jonathan ErnstDonald Trump et Michael Cohen
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Michael Cohen, l'avocat personnel de Donald Trump, a «livré» son client de longue date et remis à l'ordre du jour la question de l'éventuelle destitution du Président américain.

L'avocat personnel de Trump Michael Cohen a reconnu que quand il représentait Donald Trump, il versait de l'argent à la célèbre actrice de films X Stormy Daniels et à l'ex-playmate Karen McDougal pour qu'elles ne parlent pas de leurs «relations amoureuses» avec le candidat républicain pendant la campagne présidentielle de 2016.

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Même si les deux femmes ont joué le rôle de maîtres-chanteurs politiques typiques, l'utilité politique exige des procureurs américains qu'ils donnent une interprétation complètement différente des faits, car ils ont pour objectif de prouver que le Président actuel, alors qu'il était encore candidat, a commis un crime devant être sanctionné par sa destitution. L'Amérique n'est pas un pays si puritain pour que les 150.000 dollars versés à l'actrice porno et à l'ex-playmate par Trump soient une raison suffisante pour lui retirer son mandat présidentiel, du moins du point de vue des électeurs de masse. C'est pourquoi il est suggéré aux citoyens américains de croire en une autre interprétation des faits: Trump est accusé, en achetant le silence des deux femmes, d'avoir influencé les résultats des élections qui auraient été différents si son «scandale privé» avait explosé dans le champ médiatique américain en pleine campagne électorale.

Selon la chaîne Fox News, «l'aveu de Cohen entretient la folie autour de la destitution». CNN s'exclame: «L'accusation pénale n'est pas un problème pour Trump. Mais la destitution pourrait devenir un problème.» En analysant les déclarations des leaders du parti démocrate, toutes les divergences se résument à la question de savoir s'il faudrait proclamer la destitution immédiatement ou attendre que les Démocrates obtiennent la majorité au Congrès (car les deux tiers des voix sont nécessaires pour acter la destitution).

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Il est possible d'essayer de juger Trump pour violation des règles de financement de sa propre campagne électorale pour tenter de déboucher sur la destitution. Depuis le début des années 2000, la position officielle du ministère américain de la Justice est que le Président en exercice ne peut pas être jugé dans le cadre d'affaires pénales, mais il n'existe pas de restrictions législatives ou constitutionnelles en ce sens.

Formellement, le Président actuel peut être accusé de violation des règles de financement de la campagne électorale: on devine facilement que l'argent versé pour le silence des maîtresses supposées de Trump n'était pas pris en compte par la comptabilité officielle de son siège de campagne, et il est peu probable que la comptabilité électorale américaine prévoie la possibilité de tenir compte officiellement des «versements aux stars du X» comme ligne de dépense pour les fonds du candidat.

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A en juger par le comportement des politiciens américains, cela serait pourtant une nouveauté très utile. Mais cette approche conduit à une situation très inconfortable: une infraction de 150.000 dollars (ou même 300.000) est une goutte d'eau dans l'océan par rapport à la fraude de 2 millions de dollars commise par le siège de Barack Obama à l'époque, mais tous les acteurs d'alors s'en étaient tirés avec une simple amende. Par conséquent, les procureurs américains devront poursuivre Trump pour influence illégale sur les résultats des élections par «soudoiement des porteurs d'une information capitale», ce qui semble également ridicule, mais pourrait aller très loin.

Cependant, la tentative de destituer Donald Trump sous prétexte qu'il aurait influencé la campagne électorale risque d'être confrontée à plusieurs problèmes importants. Le premier — et le plus évident — est que la politique américaine possède un système unique qui vit selon des lois non pas écrites, mais celles du show-business. Et l'une des principales règles du show-business stipule qu'on peut et qu'on doit tromper le public, mais qu'on ne doit jamais le décevoir. Dès à présent, en regardant la réaction des réseaux sociaux, on constate que certains Américains sont déçus: pendant deux ans on leur avait promis de leur montrer un véritable thriller d'espionnage avec Trump dans le rôle principal du méchant qui s'est vendu aux «horribles Russes qui veulent hacker la démocratie américaine».

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Et au lieu de cela, ils regardent un film complètement différent où Trump convient au mieux au rôle de vaudeville, et où les principales défenseuses de la démocratie américaine sont jouées par des représentantes de l'industrie du péché. Le public soupçonne déjà qu'il s'est fait refourguer des billets pour le mauvais film. «Et où sont les Russes promis dans toute cette histoire?»: voilà la principale question du public concernant les informations sur une éventuelle destitution de Donald Trump.

Mais ce n'est pas tout. Même si peu le reconnaissent, une grande partie du public juge probablement que Trump a bien fait. Sans parler du fait que beaucoup l'envient et ne comprennent pas pourquoi le Président doit payer pour sa vie privée.

Autre problème: le Sénat américain, où les partisans de la destitution devront obtenir au moins les deux tiers des voix. Les chances que les Démocrates obtiennent la majorité nécessaire au Sénat après les élections de mi-mandat en novembre sont nulles, et la possibilité d'attirer de leur côté le nombre suffisant de sénateurs républicains est également illusoire. Outre le problème du vote, il y a celui de la participation directe de Trump aux délibérations sur la destitution. La procédure en soi est organisée au Sénat à l'instar d'un procès et le Président a la possibilité de se défendre, ce qui lui permettra facilement d'utiliser cette plateforme pour transformer d'un point de vue médiatique et politique son propre procès en procès de ses accusateurs. D'autant qu'il pourrait profiter de la situation pour dévoiler au public les informations compromettantes les plus toxiques sur ses opposants politiques, sachant qu'Hillary Clinton a plus d'un squelette dans le placard.

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Et le plus grand problème de la tentative de destitution serait lié au fait que les spéculateurs de Wall Street y seront certainement opposés — or leur position est un argument de poids dans toute bataille politique américaine. Dans sa dernière interview, Donald Trump a ouvertement déclaré qu'une tentative de destitution entraînerait un effondrement de l'économie et de la bourse américaine et que «tout le monde deviendrait très pauvre». De plus, les représentants du secteur financier disent clairement aux médias spécialisés qu'il ne faut pas comparer Trump et Nixon, qui a été forcé à quitter son poste sous peine de destitution. Ils indiquent qu'avant la tentative de destitution de Nixon le marché chutait déjà, alors qu'avec Trump la bourse est en hausse — et ignore démonstrativement toutes les nouvelles politiques à scandale. Andrew Adams, analyste de la société Raymond James, a déclaré à CNBC qu'il s'inquiéterait «seulement si le marché donnait des raisons d'être inquiet».

Malheureusement, tout cela signifie aussi que dans un mois ou deux, les rivaux politiques de Trump remettront sur le tapis le thème de l'ingérence russe dans les élections. Du point de vue de la possibilité de priver le Président du soutien public et de le faire destituer, le «complot russe» est bien plus prometteur. Très prochainement, les «horribles hackers russes» remplaceront à nouveau les playmates dans l'espace médiatique politique américain.

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