L'avocat personnel de Trump Michael Cohen a reconnu que quand il représentait Donald Trump, il versait de l'argent à la célèbre actrice de films X Stormy Daniels et à l'ex-playmate Karen McDougal pour qu'elles ne parlent pas de leurs «relations amoureuses» avec le candidat républicain pendant la campagne présidentielle de 2016.
Selon la chaîne Fox News, «l'aveu de Cohen entretient la folie autour de la destitution». CNN s'exclame: «L'accusation pénale n'est pas un problème pour Trump. Mais la destitution pourrait devenir un problème.» En analysant les déclarations des leaders du parti démocrate, toutes les divergences se résument à la question de savoir s'il faudrait proclamer la destitution immédiatement ou attendre que les Démocrates obtiennent la majorité au Congrès (car les deux tiers des voix sont nécessaires pour acter la destitution).
Formellement, le Président actuel peut être accusé de violation des règles de financement de la campagne électorale: on devine facilement que l'argent versé pour le silence des maîtresses supposées de Trump n'était pas pris en compte par la comptabilité officielle de son siège de campagne, et il est peu probable que la comptabilité électorale américaine prévoie la possibilité de tenir compte officiellement des «versements aux stars du X» comme ligne de dépense pour les fonds du candidat.
Cependant, la tentative de destituer Donald Trump sous prétexte qu'il aurait influencé la campagne électorale risque d'être confrontée à plusieurs problèmes importants. Le premier — et le plus évident — est que la politique américaine possède un système unique qui vit selon des lois non pas écrites, mais celles du show-business. Et l'une des principales règles du show-business stipule qu'on peut et qu'on doit tromper le public, mais qu'on ne doit jamais le décevoir. Dès à présent, en regardant la réaction des réseaux sociaux, on constate que certains Américains sont déçus: pendant deux ans on leur avait promis de leur montrer un véritable thriller d'espionnage avec Trump dans le rôle principal du méchant qui s'est vendu aux «horribles Russes qui veulent hacker la démocratie américaine».
Mais ce n'est pas tout. Même si peu le reconnaissent, une grande partie du public juge probablement que Trump a bien fait. Sans parler du fait que beaucoup l'envient et ne comprennent pas pourquoi le Président doit payer pour sa vie privée.
Autre problème: le Sénat américain, où les partisans de la destitution devront obtenir au moins les deux tiers des voix. Les chances que les Démocrates obtiennent la majorité nécessaire au Sénat après les élections de mi-mandat en novembre sont nulles, et la possibilité d'attirer de leur côté le nombre suffisant de sénateurs républicains est également illusoire. Outre le problème du vote, il y a celui de la participation directe de Trump aux délibérations sur la destitution. La procédure en soi est organisée au Sénat à l'instar d'un procès et le Président a la possibilité de se défendre, ce qui lui permettra facilement d'utiliser cette plateforme pour transformer d'un point de vue médiatique et politique son propre procès en procès de ses accusateurs. D'autant qu'il pourrait profiter de la situation pour dévoiler au public les informations compromettantes les plus toxiques sur ses opposants politiques, sachant qu'Hillary Clinton a plus d'un squelette dans le placard.
Malheureusement, tout cela signifie aussi que dans un mois ou deux, les rivaux politiques de Trump remettront sur le tapis le thème de l'ingérence russe dans les élections. Du point de vue de la possibilité de priver le Président du soutien public et de le faire destituer, le «complot russe» est bien plus prometteur. Très prochainement, les «horribles hackers russes» remplaceront à nouveau les playmates dans l'espace médiatique politique américain.
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