Une résurgence inédite et inquiétante: la fièvre charbonneuse ou anthrax en anglais, a tué plus de 50 animaux dans les Hautes-Alpes depuis le mois de juin, dans 23 foyers distincts. Une maladie d'autant plus prise au sérieux qu'elle est potentiellement transmissible à l'homme: 103 personnes entrées en contact avec la bactérie sont sous traitement antibiotique, selon l'Agence régionale de santé (ARS).
«Pour nous, elle [la bactérie] ne peut pas être sortie de terre comme ça. On a eu des sécheresses en 2003 et elle n'est pas ressortie. Donc si c'était vraiment la sécheresse, pourquoi elle n'est pas ressortie en 2003?» s'interroge Mme Hauser, elle-même éleveuse.
Quelle est la vraie cause de la réapparition de cette bactérie? Des travaux faits en profondeur, en l'occurrence des trous creusés pour la pose de pylônes électriques, pourraient être à l'origine de cette résurgence, dans des zones où des bêtes mortes auraient été enterrées il y a plus de cent ans:
«Nos questions c'est: soit on a tort et ce ne sont pas les travaux qui l'ont fait sortir et l'enquête nous le dira, soit c'est les travaux et on sait d'où ça vient. […] Mais on n'accuse pas plus les pylônes qu'autre chose.»
Dans le département, «ça fait 25 ans qu'on enterre plus les animaux morts, explique-t-elle. Mais l'épidémie est éternelle. Ça peut être des charniers qui ont 100, 200, 50 ans, on ne sait pas! Mais on pense plus de 100 ans, parce que personne ne s'en rappelle.»
S'ajoute à cette épidémie inédite un problème d'accessibilité des vaccins, le laboratoire espagnol les produisant étant fermé au mois d'août…
«La propagation, les pouvoirs publics ne peuvent rien contre. Elle est là, elle peut nous tomber dessus. C'est un problème de vaccin, ce n'est pas la faute du département si le laboratoire ferme en août et qu'il n'y a qu'un laboratoire au monde qui le fait.»
«Le gros problème du département des Hautes-Alpes, c'est qu'on a plus de vétérinaires ruraux. On n'en a plus que six dans tout le département, sachant qu'ils vont aussi sur le 04 et sur l'Isère, et deux vont s'arrêter.»
«Aujourd'hui, on fait avec ce qu'on a et on fait au mieux avec les pouvoirs publics». En attendant une réponse claire,
«On surveille tous nos bêtes. Dès qu'il en manque une, c'est la panique. […] Le préjudice financier, il est pris en charge, pas le préjudice moral», conclut-elle.