Quels risques encourt l'économie américaine à cause de l'administration Trump et pourquoi les experts ne croient-ils pas au scénario positif?
Ignorance économique
«Il n'y aura pas de fin heureuse. Nous menons des guerres commerciales pratiquement avec le monde entier, et la situation continue d'empirer parce que Donald Trump n'est pas satisfait du résultat. C'est la preuve d'ignorance économique dans le commerce», a déclaré David Stockman sur la chaîne américaine CNBC.
La seule issue est l'accélération de l'élargissement du commerce international, susceptible de conduire à l'ascension de l'économie mondiale. Cependant, les taxes contre les produits de la Chine, de la Turquie et d'autres pays, au contraire, réduiront les échanges de 0,3% dès cette année, affirme Soren Skou, directeur exécutif de Maersk.
Le fait est que dans les guerres commerciales actuelles, les pays émergents sont protégés par l'effet de substitution: les voisins de la Chine dans la région Asie-Pacifique rempliront volontiers les rayons des magasins chinois de leurs produits à la place des marchandises américaines.
Pour la Russie, c'est encore plus simple: depuis l'adoption des premières sanctions en 2014, les échanges entre Moscou et Washington se sont réduits jusqu'à la somme dérisoire de 23,1 milliards de dollars. En 2017, selon le Service fédéral des douanes russe, le commerce extérieur total du pays a atteint 584 milliards de dollars, dont 357 milliards d'exportations.
Une bulle
Un autre grand risque pour la bourse américaine est la surestimation évidente des géants informatiques du groupe des FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google). Cette année, la croissance du marché boursier américain est assurée à 80% par ces cinq compagnies.
Cependant, les rapports financiers de la plupart d'entre elles affichent un effondrement sans précédent sur le marché: Facebook a perdu 20% de sa valeur, soit 130 milliards de dollars, et Netflix 15% (moins 24 milliards de dollars). Toutefois, le bilan trimestriel d'Apple affiche 17% de hausse des recettes — jusqu'à 53,3 milliards de dollars.
En mars 2000, l'indice Nasdaq a atteint le record de 5046,86 points, après quoi les investisseurs ont commencé à constater le profit d'une vaste vente d'actions des start-ups technologiques. Au final, au 9 octobre 2002, le Nasdaq Composite s'est effondré pour atteindre son minimum de 1114,11 points.
Des dettes qui ne coûtent rien
Cela s'explique par la diminution du nombre général de titres dans les portefeuilles des investisseurs, et par l'augmentation du taux directeur de la Réserve fédérale (Fed) qui, selon les prévisions de Morgan Stanley, augmentera encore deux fois cette année. De facto, cela signifie que les USA ont besoin de plus en plus d'argent pour desservir la dette publique, qui a atteint la somme astronomique de 21.000 milliards de dollars, soit presque 109% du PIB.
Peu croient que la crise pourra être évitée. En témoignent notamment les agissements de nombreuses banques centrales qui accroissent leur réserve d'or: les Pays-Bas, l'Allemagne et la Turquie rapatrient leurs lingots des USA depuis 2014. La Russie mise également sur ce métal précieux, qui a augmenté ses réserves jusqu'à 2.000 tonnes d'or — un record.