Glyphosate: Monsanto perd un procès aux USA, les Verts enfoncent le clou en France

© AFP 2024 Georges Gobet Monsanto
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Le géant Monsanto a été reconnu coupable du cancer d’un jardinier américain. Face au danger du glyphosate, on ne plus rester les bras ballants estime le parti écologiste EELV, qui saisit la justice française. En attendant, des alternatives saines sont à l’étude.

Quelques jours après la victoire historique d'un jardinier américain atteint d'un cancer contre l'entreprise Monsanto, les Verts passent à l'offensive:

«On ne peut pas constater que c'est dangereux et ne rien faire», estime Julien Bayou, porte-parole d'EELV sur Franceinfo.

Dans un communiqué publié samedi 18 août, le parti écologiste réclame le réexamen en urgence de la dangerosité du glyphosate par l'agence de sécurité sanitaire (Anses), qui avait estimé en 2016 que le niveau de preuve de cancérogénicité du glyphosate était «relativement limité».

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Procès Monsanto: «Si c’est dangereux aux États-Unis, ça le sera dans d’autres pays»
Il faut dire que le verdict du tribunal de San Francisco est l'occasion «idéale»: ce dernier a condamné la firme Monsanto à verser 289 millions de dollars à un jardinier américain, en phase terminale d'un cancer du système lymphatique, pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide au glyphosate, jugé responsable de sa maladie.

Les jurés ont déterminé que Monsanto avait agi avec «malveillance» et que les herbicides Ranger Pro et Roundup Pro, contenant du glyphosate et auxquels étaient exposé le plaignant, avaient «considérablement» contribué à sa maladie.

Sans surprise, l'entreprise américaine a immédiatement réagi dans un communiqué et annoncé qu'elle avait l'intention de faire appel. Pour elle, le glyphosate ne cause pas le cancer et n'est pas responsable de la maladie du plaignant.

Pourtant, «les avocats du jardinier ont en effet divulgué des documents internes à la société prouvant que Monsanto savait depuis des décennies que les produits à base de glyphosate, et en particulier le Roundup, le pesticide le plus utilisé dans le monde, pouvaient être une cause de cancer», étaye EELV dans un communiqué, saluant le courage et l'abnégation de Dewayne Johnson.

En conséquence, Europe-Écologie-Les Verts a déposé un recours en référé pour faire interdire en France les herbicides au glyphosate du groupe Monsato alors qu'en mai dernier, les députés de la majorité avaient, à la demande du gouvernement, rejeté l'amendement visant à faire inscrire dans le texte «agriculture» l'engagement présidentiel qui établissait à 2021 la date de sortie du produit.

La décision du tribunal américain pèsera-t-elle sur l'agriculture mondiale, grande consommatrice de l'agent incriminé? S'il est possible qu'elle fasse jurisprudence pour les milliers d'autres cas d'actions en justice, sur le plan strictement agricole, la recherche d'alternatives progresse à grands pas.

Une étude de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), a conclu que, dans la lutte contre les parasites, l'agriculture biologique serait tout aussi efficace que les pesticides.

«Les systèmes de culture conduits en agriculture biologique sont moins infestés par des agents pathogènes comme les champignons ou les bactéries que les champs cultivés en agriculture conventionnelle qui utilisent notamment des fongicides de synthèse», explique Adrien Rusch, l'un des chercheurs de l'Inra qui a participé à cette étude, interrogé par Le Parisien.

«Les systèmes de culture AB (agriculture biologique) montrent des niveaux d'infestation par les adventices plus élevés que les systèmes de culture AC (agriculture conventionnelle)», mais leur présence contribue « à la diversité des espèces antagonistes des bioagresseurs et à un environnement potentiellement moins propice aux maladies et aux ravageurs». En clair, les «mauvaises herbes» sont plus présentes dans l'agriculture bio, mais par la biodiversité qu'elles créent, elles font office de nettoyeuses naturelles de la parcelle.

Le bio, alternative à Monsanto? En théorie, apparemment oui. Pourtant, en mai dernier, l'éleveur Benoît Vignaud, qui a prêté ses parcelles à des tests similaires, ne se montrait pas enthousiaste à notre micro:

«Quand on fait des essais avec moins de désherbage, moins d'insecticides, moins d'engrais, les rendements sont beaucoup plus faibles», affirmait-il.

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