Un voyage de 6.800 km entrepris par deux Français les a menés de Tours à Moscou, à travers des villes marquées par la Seconde Guerre mondiale. L'un, Philippe Verger, passionné par la moto russe Oural, l'autre, son fils Hugo, amoureux de l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n'est pas le seul objectif du voyage:
«Un autre but de ce voyage, une autre passion commune, c'est de récolter des fonds pour une association qui s'appelle Magie à l'hôpital dont le devoir est de réaliser les rêves d'enfants atteints de cancer, de leucémie», a expliqué Philippe dans une interview à Sputnik.
Les deux voyageurs collectent des vidéos et photos pour tourner, de retour à Tours, un documentaire sur leur périple et l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Au moment de la publication de l'article, les Français se trouvent en Lituanie sur la route vers la France dans leur moto russe.
Hugo, responsable de la partie historique de l'expédition, a précisé leur itinéraire:
«Les villes les plus importantes de la Deuxième Guerre mondiale. On a mis le trajet sur Google Maps et il nous a montré, il nous faisait passer par Berlin, Varsovie et Minsk, et puis la Biélorussie… et il faut passer par les pays baltes».
«Comme chaque étape est importante pour le conflit de la Deuxième Guerre mondiale, on s'arrête à Auschwitz, puis on descend plus au sud, après Auschwitz on remonte à Prague et après on va sur Nuremberg, là où se termine la guerre entre guillemets avec ce procès, et on revient chez nous. Nous étions guidés plutôt par l'Histoire qu'autre chose», raconte Philippe.
En ce qui concerne la destination finale, Moscou, les deux voyageurs ont confié qu'ils en avaient rêvé et en parlent avec enthousiasme promettant d'y retourner pour le prochain voyage.
L'URSS dans la Seconde Guerre mondiale
Le rôle de l'URSS et celui de l'Armée rouge dans la Seconde Guerre mondiale étant souvent sous-estimé en Europe, Philippe et Hugo mettent en avant le contexte géopolitique actuel et la perception erronée des Russes pour l'expliquer:
«Je pense qu'on est très influencé par les Américains, très malheureusement influencés par les Américains», lance Hugo et d'ajouter: «Quand on parle de la Russie, on ne la voit pas comme un pays où les gens sont pas gentils ou pas agréables, on la voit plus comme un pays où c'est très carré, où tu dois faire ça, ça et ça. Ils ont encore la vision plus de l'Union soviétique que de la Russie d'aujourd'hui».
Philippe renchérit: «Nous, on pense qu'il est bien que la Russie soit redevenue une Russie forte pour faire un équilibre avec les Américains qui ont un peu tendance à vouloir être les gendarmes du monde, à vouloir imposer leur façon de faire», et de poursuivre: «De toute façon dans certains conflits s'il n'y avait pas la Russie ce serait peut-être plus grave qu'autre chose. C'est toujours le méchant contre le gentil, c'est toujours la même chose mais depuis 20 ans ou 25 ans, je pense qu'il faut regarder ce que fait l'Oncle Sam dans certaines parties du globe. Ce serait intéressant».
«Un cheval de fer» aux origines russes et «les distances astronomiques»
Interrogé au sujet de son «cheval en fer», la moto soviético-russe, qui est le compagnon fidèle des deux Français pendant cette tournée, Philipe Verger explique:
«J'ai acheté ma première Oural il y a huit ans, c'est la troisième celle-ci… Quand on arrive en Russie, les Russes nous regardent bizarrement parce qu'on a un drapeau français et ils se disent: des Français en Oural en Russie, il y a un truc qui n'est pas normal et ils sont fous. Mais on est toujours très bien reçus, partout où on va les gens nous prennent en photo sur l'autoroute, c'est très marrant».
«Je suis un vrai passionné de cette moto qui est une moto exceptionnelle. Évidemment, une moto c'est un plaisir personnel», sourit Philippe.
À leur arrivé dans la capitale russe, les voyageurs ont partagé que ce sont plutôt «les distances astronomiques» qui les ont le plus frappés.
«La partie Moscou n'est pas forcément la plus facile parce que comme c'est une ville immense, avec des distances incroyables, on marche beaucoup et donc on se fatigue autant à pied qu'en moto mais ce qu'on veut, c'est garder des réserves pour le retour», a souligné l'interlocuteur de Sputnik.
Ils ont passé trois jours à Moscou lors de leur voyage en visitant le Kremlin et la place Rouge, le bunker de Staline et le mausolée de Lénine.
«Quand on arrive sur la place Rouge, là on ressent la puissance, l'Histoire qui remonte et il y a plein de vieilles choses, il y a plein de belles choses à découvrir. C'est vrai que c'est une ville extrêmement riche en termes d'architecture et puis en termes d'Histoire. Là on se fait surprendre entre guillemets, c'est les distances».
«J'incite ardemment les Français qui voyagent très peu à venir»
Les voyageurs sont tous les deux reconnaissent pour l'accueil chaleureux et le fait de ne pas avoir eu de problèmes linguistiques sans savoir parler ni le russe ni l'anglais.
«On ne connaît personne, personne nous attendait, on est arrivé, on a toujours demandé notre route ou un conseil, même si la langue était difficile parce que là-bas [en Russie, ndlr] tout le monde ne parle pas forcément anglais, mais on a toujours été aidé ou conseillé et vraiment l'accueil a toujours été super. Là-dessus je dirais: "bravo les Russes"», lance Philippe.
Selon eux, ils étaient surtout étonnés par le fait que les Russes n'étaient pas dangereux. Au contraire, les Russes se sont montrés accueillants et aimables envers les deux Français.
«J'ai laissé la moto plusieurs fois avec tout le matériel dans la rue parce qu'on avait des choses à faire et on ne pouvait pas à chaque fois amener nos sacs… On n'a jamais eu de problèmes, jamais aucun souci.»
Une autre particularité de Moscou est son métro, selon les aventuriers:
«J'ai pris [en photo, ndlr] les rails du métro parce qu'ici il n'y a pas un papier, pas un mégot de cigarette et j'ai envoyé ça à nos amis en France et leur ai dit: "un message à nos amis Parisiens — il n'y a pas un papier par terre". Et c'est vrai. C'est super propre», relate Philippe.
Philippe et Hugo ont expliqué que les médias français n'étaient pas très sympathiques avec la Russie aujourd'hui et notamment qu'ils «ne sont pas forcément très objectifs sur la Russie».
«Si aujourd'hui j'ai quelque chose à dire à nos amis français, c'est venez plutôt en Russie voir comment sont les Russes, il s'est passé 20 ans depuis la fin de l'ère communiste. Moi, je dirais que les Russes, il y a deux choses. La première, quand on les voit la première fois, ils sont très froids et puis une fois qu'ils ont compris ce qu'on voulait, il y a un sourire et là c'est extraordinaire», conclut Philippe.