Y a-t-il de la vie sur Mars? La question est tout d'un coup moins saugrenue qu'il n'y paraît, depuis qu'une équipe de scientifiques de l'Agence spatiale italienne a découvert un lac souterrain au pôle Sud de la planète rouge, grâce à l'exploitation des données transmises par le radar MARSIS embarqué à bord de la sonde européenne Mars Express.
«Tout ce que nous pouvons assurer, c'est la présence d'eau liquide. Avec toutes les informations que nous avons, nous pouvons penser que oui, ce lac pourrait être une oasis de vie qui pourrait préserver des microbes d'un passé ancien. Mais ce sont des spéculations», explique Dimitri Titov, scientifique du projet Mars Express interrogé par Sputnik.
«Nous avons des éléments de comparaison sur Terre. Le lac Vostok [en Antarctique, ndlr] était isolé sous une couche de glace et quand les scientifiques ont creusé, ils ont trouvé des bactéries dans l'eau. Cela implique que même dans ces endroits isolés, coupés de la lumière du soleil, nous pouvons nous attendre à trouver de la vie.»
«D'une part, la pression est élevée à cet endroit à cause de l'épaisseur de la glace et d'autre part, l'eau que nous avons détectée n'est probablement pas pure. C'est de l'eau salée, chargée en minéraux, qui gèle bien en dessous de 0 °C», analyse Dimitri Titov.
Le scientifique explique que la découverte de poches d'eau sur Mars «représente une avancée» pour la recherche de vie, mais ajoute que la technologie actuelle ne permet pas de répondre à la question «Y a-t-il de la vie sur Mars?»:
«À l'avenir, nous tenterons sûrement de creuser pour atteindre ces lacs et essayer d'y trouver des microbes. Pour l'instant, ça demande une technologie que nous n'avons pas et je ne pense pas qu'on puisse y accéder au cours de la prochaine décennie.»
Le scientifique du projet Mars Express rappelle que le forage sur plusieurs kilomètres est tout à fait possible sur Terre, mais que le transport vers une autre planète du matériel nécessaire n'existe pas à l'heure actuelle:
«Aujourd'hui, nous avons les capacités pour forer la surface martienne sur quelques mètres. Ça sera le cas du rover ExoMars à une profondeur d'environ deux mètres pour détecter la présence de molécules biologiques et tenter de savoir s'il y a eu de la vie sur Mars par le passé.»
«Grâce à ses caméras, nous avons pu observer d'anciens cours d'eau et lits de rivière à la surface. Les spectromètres permettent de voir les minéraux hydratés et leur distribution sous la surface, mais également de détecter la vapeur d'eau dans l'atmosphère. Finalement, aujourd'hui nous voyons de l'eau liquide sous la calotte polaire grâce aux données du radar [MARSIS].»
«Je ne pense pas que nous ayons besoin de forer pour accéder à de l'eau. L'eau est disponible à la surface. Si nous pouvons récupérer de la glace, la nettoyer pour en retirer la poussière, alors il est possible de la faire fondre pour la boire, mais aussi pour d'autres usages.»
Quant à savoir s'il existe d'autres poches souterraines contenant de l'eau liquide, le scientifique du projet Mars Express appelle à la patience:
«Nous allons continuer à explorer ce qui se trouve sous la surface et nous espérons avoir une meilleure idée de la cartographie de Mars, mais cela prend du temps. À chaque orbite, nous analysons seulement une centaine de kilomètres. Il nous faut donc beaucoup de passages pour essayer de cartographier la distribution des poches d'eau sous la surface.»