L'avocat de 43 ans croit avoir trouvé une troisième voie pour le Québec. Ce n'est ni l'indépendance complète de la province, comme le souhaitent les souverainistes, ni son maintien à l'intérieur de la fédération canadienne, comme le souhaitent les fédéralistes.
L'annexion aux États-Unis: une troisième voie pour le Québec?
Dans les faits, le Parti 51 a déjà existé. Il s'agit donc en quelque sorte d'une résurrection. Le parti a été créé en 1989, mais déjà, en 1990, ses administrateurs ont demandé au Directeur général des élections de le dissoudre, car il suscitait peu d'intérêt. Il aura fallu attendre 28 ans, jusqu'en 2018, pour que le parti «annexionniste» soit relancé. C'est d'ailleurs dans une région limitrophe des États-Unis, la Beauce, que le parti est le mieux ancré. Une région dont les liens économiques avec les États-Unis sont très forts.
«Les États-Unis, ce n'est pas un seul mais 50 pays»
Le chef du Parti 51 estime qu'une grande partie de son travail sera de défaire les préjugés que les Québécois entretiennent sur les États-Unis. Il s'agirait ainsi de faire voir les avantages que représenterait le rattachement du Québec à l'empire américain.
Hans Mercier insiste beaucoup sur le caractère fédéral des États-Unis. «Les États-Unis, ce n'est pas un seul mais 50 pays», affirme fièrement le candidat. Dans cette optique, le Québec pourrait encore se penser comme un État à part entière, même s'il intégrait le géant américain. Pourtant, le Québec appartient déjà à une fédération, d'ailleurs beaucoup plus petite, et son statut ne fait toujours pas l'unanimité parmi la population… Un détail qui semble échapper aux têtes dirigeantes de la formation politique.
Quitter une fédération pour une autre: du pareil au même?
Pour convaincre ses compatriotes de la valeur de son projet, le chef du Parti 51 insiste sur le fait que les États-Unis sont une grande puissance à l'échelle mondiale. Sur son site internet, on peut lire que le Québec bénéficierait de la protection d'une puissance militaire bien plus influente que les Forces armées canadiennes, ces dernières étant perçues comme très faibles. L'économie québécoise se trouverait aussi supposément renforcée par son rattachement aux États-Unis:
«Évidemment, les avantages économiques et politiques d'une telle union pour les Québécois sont indéniables. Les Québécois ne seraient plus de simples spectateurs des décisions affectant le monde, mais bien des décideurs à part entière ayant une influence importante, parfois décisive dans la plus grande puissance économique et militaire du monde.»
Sur le plan linguistique, Hans Mercier soutient que les Québécois n'auraient aucune difficulté à conserver leur langue, puisque les États-Unis ne reconnaissent aucune langue officielle. Les Québécois pourraient ainsi continuer à parler français au sein de cet immense bassin anglophone qui tend toutefois quelque peu à s'hispaniser. Rappelons que les hispanophones sont maintenant 50 millions aux États-Unis sur une population totale de 325 millions. Autant de promesses et de suggestions audacieuses qui ont fait sourciller quelques internautes au Québec…
L'annexion aux États-Unis: une vieille idée au Québec
De fait, le premier qui a soulevé cette idée est l'un des plus grands personnages de l'histoire canadienne française. Au milieu du 19ème siècle, le Canada français était dominé par la monarchie britannique. Pour Louis-Joseph Papineau, illustre patriote et réformateur, l'annexion aux États-Unis a représenté, pendant un certain temps, la planche de salut des Canadiens français. Après la rébellion républicaine de 1837-1838 qui a été matée par le régime anglais pro-monarchiste, le rattachement aux États-Unis apparaissait par certains comme une solution. Une issue qui semble avoir retrouvé une certaine actualité…