Facebook a annoncé le 18 juillet 2018 vouloir supprimer les fausses informations, pouvant conduire à des actes violents, alors que jusqu'ici, le réseau social se contentait de leur donner moins de visibilité.
Mais ces contenus se distinguent des contenus haineux ou appels directs à la violence, qui sont déjà, en théorie, bannis de Facebook. «Il y a le problème de l'incitation, de l'intention», note Jean-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'IRIS, spécialiste de la communication, de la cyberstratégie et de l'intelligence économique.
En termes philosophiques «ça revient à passer d'un constatif à un performatif». «Si on accuse une communauté d'un crime grave, il est possible qu'une autre communauté veuillent des représailles».
« C'est sur cette ligne très subtile que Facebook va avoir beaucoup de mal à ne pas apparaitre comme une nouvelle forme de censure », et aussi de générer un effet «boomerang».
«Si on interdit une information ou un discours, on leur donne le charme sulfureux de l'interdit», poursuit le chercheur, rappelant que Facebook censure déjà «énormément». «Sur un très volumineux flot d'échanges, il y a énormément de message ou photo retirées» qui entrent «dans des catégories de contenu très compliquées», à retirer, repérés par des algorithmes, des modérateurs, signalés par des usagers, des organisation de fact-cheking, des médias. Néanmoins, «Facebook patauge complètement».
Dans a la foulée, Mark Zuckerberg a provoqué un tollé en expliquant pourquoi les propos négationnistes ne sont pas censurés sur la plateforme. Dans un entretien accordé au site spécialisé Recode (en anglais), mercredi 18 juillet, le PDG de Facebook a expliqué qu'il ne comptait pas censurer des propos qui auraient été tenus, selon lui, «sincèremen».
«Mais il a toujours eu un problème auquel s'est confronté Facebook, c'est celui de la vérité. Au nom de la liberté d'expression, il a longtemps admis qu'on puisse tenir des propos que la plupart des gens tiendrait pour aberrant».
En attendant, Facebook n'a pas encore trouvé la bonne recette contre les «fake news».