La Knesset, le Parlement de l'État d'Israël, a adopté ce jeudi 19 juillet une loi qui définit Israël comme «État-nation du peuple juif». Cette nouvelle législation a été approuvée par 62 parlementaires contre 55, dont 13 députés arabes. Après des heures de débats houleux, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu a alors déclaré:
«C'est un moment décisif dans l'histoire de l'État d'Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau.»
Si depuis sa création, Israël a toujours eu le même drapeau et le même hymne, ils ont parfois été contestés par les citoyens arabes. Ainsi, en 2007, un ministre du gouvernement, Ghaleb Majadleh, avait refusé de chanter Hatikvah. À l'époque, Bradley Burston, un journaliste d'Haaretz, avait expliqué ce geste en considérant qu'«Israël a besoin d'un nouvel hymne, un hymne que les Arabes puissent chanter.» Ce n'est désormais plus possible.
Les 1,8 million d'Arabes israéliens, représentés notamment par 13 parlementaires, ne peuvent donc plus se reconnaître dans les symboles de l'État. Et le peuvent-ils encore dans «l'État-nation du peuple juif»?
«La terre d'Israël est la patrie historique du peuple juif, dans lequel l'État d'Israël a été établi. L'État d'Israël est le foyer national du peuple juif, dans lequel il exerce son droit naturel, culturel, religieux et historique à l'autodétermination. Le droit d'exercer l'autodétermination nationale dans l'État d'Israël est propre au peuple juif.»
Mais si le sort des Arabes d'Israël est en question, celui des Palestiniens des territoires occupés l'est tout autant. Outre les éléments énoncés précédemment, cette nouvelle Loi Fondamentale adopte de nouveaux changements. Ainsi, après le «Jérusalem, capitale d'Israël», la nouvelle législation stipule que Jérusalem est «complète et unie», détruisant la possibilité que Jérusalem-Est devienne la capitale d'un futur État palestinien.
«L'État considère le développement de la colonie juive comme une valeur nationale et agira pour encourager et promouvoir son établissement et sa consolidation.»
Si en 2009, Benjamin Netanyahu ne souhaitait pas «faire construire de nouvelles colonies ou confisquer de terres au profit d'implantations existantes», il n'a cessé de permettre leur développement en légalisant des colonies «sauvages».
Si l'Élysée n'a toujours pas réagi, comme la majorité des autorités nationales des grandes puissances, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a prononcé une déclaration fracassante:
«Nous sommes préoccupés et nous avons fait part de notre inquiétude aux autorités d'Israël.»
Si le sort des populations arabes «préoccupe» donc l'UE, c'est aussi parce que la solution qu'elle prône pour établir la paix entre Palestine et Israël se meurt définitivement. Si la solution à deux États n'existe plus depuis bien longtemps par le morcellement du territoire palestinien par les colonies juives, cette nouvelle Loi Fondamentale d'Israël, «seul pays démocratique du Moyen-Orient», selon ses supporters, l'enterre bel et bien.