Une affaire qui n'a pourtant pas grand-chose à voir avec ses actuelles fonctions, puisque le dirigeant canadien aurait attouché sexuellement une femme journaliste contre son gré dans un festival musical, il y a 18 ans. À l'époque, Trudeau avait 28 ans et pratiquait la profession d'enseignant.
À l'origine, c'est un éditorial paru le 14 août 2000 dans le Creston Valley Advance, un journal régional, qui relate les faits. Le rédacteur en chef de ce journal de Colombie-Britannique évoque l'histoire dans un article intitulé «Open Eyes». Des photos de l'article sont réapparues au mois de juin sur les réseaux sociaux, ce qui a attiré l'attention de certains médias.
Une vieille histoire de «tripotage»?
Quelques semaines plus tard, deux chroniqueurs importants du Toronto Sun ont ensuite récupéré l'incident, contribuant à faire mousser l'histoire au Canada. Ils ont demandé à Trudeau de donner l'exemple en matière de rapports hommes-femmes, car le Premier ministre a beaucoup travaillé à faire avancer son programme féministe dans les dernières années. On se souvient que lors de sa dernière visite à Paris, en avril 2018, Justin Trudeau a affirmé qu'il était «féministe et fier de l'être», une déclaration qui avait été remarquée par la presse internationale.
Justin Trudeau: l'arroseur arrosé?
Le 8 juin 2018, le chroniqueur Mark Bonokosky du Toronto Sun a donc invité Trudeau à faire preuve de plus de cohérence et à «ne pas jeter la première pierre», étant donné son comportement supposé lors du festival en question. Quant à son collègue Brian Lilley, il a écrit le 11 juin que Trudeau devait respecter «ses propres normes en matière de harcèlement sexuel». Un point de vue qui sera repris par plusieurs journalistes d'opinion, autant au Canada anglais qu'au Québec, la province francophone du Canada.
De fait, Trudeau a multiplié les déclarations féministes depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Dès son entrée en fonctions, il a formé un Conseil des ministres paritaire, composé de 15 hommes et 15 femmes, ce qui avait suscité un vaste débat quant aux compétences réelles des élus. Dans la foulée du mouvement #MoiAussi ou #MeToo, le Premier ministre s'était aussi déclaré favorable à la vague de dénonciation de présumés agresseurs sexuels, invitant les gens à croire sur parole les victimes présumées. En janvier 2018, il a déclaré lors d'une entrevue accordée au journal La Presse que
«Le harcèlement sexuel est un problème systémique. Il est inacceptable. Lorsque les femmes prennent la parole, nous avons la responsabilité de les écouter et de les croire.»
Finalement, après avoir été laissée de côté pendant plusieurs jours, la nouvelle a fait son retour dans les médias canadiens en début juillet, forçant Trudeau à commenter l'incident publiquement après une période de silence. Le Premier ministre a affirmé qu'il se souvenait très bien de la journée de l'incident, mais qu'il ne se rappelait aucunement d'avoir mal agi sur le plan sexuel, maintenant toujours sa première version des faits. Lors d'une conférence de presse à Toronto suivant l'élection du nouveau Premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, il a déclaré que
«Je n'ai pas le sentiment d'avoir agi le moins du monde de façon inappropriée, mais je respecte le fait que quelqu'un d'autre ait pu vivre ça différemment.»
Sous la pression médiatique, la journaliste au cœur de la controverse est sortie du silence. La dénommée Rose Knight a confirmé dans un communiqué envoyé à la chaîne de télévision CBC que l'incident relaté par le Creston Valley Advance avait bien eu lieu. L'ex-journaliste a aussi affirmé que Justin Trudeau s'était excusé pour son comportement le lendemain de l'incident. Une affaire très délicate sur laquelle Trudeau ne pensait probablement pas consacrer du temps cet été.