Pascal Boniface: l’Otan en tant que telle reste «une survivance de la guerre»

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Quid des relations entre l’Otan et la Russie et de l’augmentation des dépenses militaires des pays membres de l’Alliance tant exigée par Donald Trump? Celle-ci sert-elle ou non les intérêts de Paris? Le jour de l’ouverture du sommet de l’Otan, Sputnik a évoqué ces thèmes avec le directeur de l’IRIS.

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Alors que le 26e sommet de l’Alliance atlantique a ouvert ses portes ce mercredi à Bruxelles, des propos rappelant ceux de l’époque de la guerre froide et qualifiant la Russie de menace à la sécurité de l’Otan retentissent à nouveau: «Les actions agressives […] lancent un défi à l’Alliance et torpillent la sécurité euro-atlantique», lit-on dans la déclaration des pays participants. 

Comme le constate dans son commentaire à Sputnik le politologue et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) Pascal Boniface, «on n’a pas pu bénéficier de la sortie de la guerre froide […], alors que normalement on aurait dû atteindre un niveau de relations beaucoup plus tranquilles et apaisées entre Moscou et l’Occident». Or, si ce n’est pas le cas, ce rapprochement n’existe pas pour une multitude de raisons. Cela étant dit, l’Otan en tant que telle reste «une survivance de la guerre».

Mais qui menace qui dans cette relation tumultueuse? Les chiffres parlent d’eux-mêmes: selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publié début mai, les 29 membres de l’Otan ont, ensemble, dépensé 900 milliards de dollars pour leur défense en 2017, soit 52% des dépenses mondiales dans ce domaine. D’après le même rapport, les dépenses militaires de la Russie ont chuté  en 2017 de 20%, pour s’établir à 66,3 milliards de dollars, une première depuis 20 ans.

​D’ailleurs, tout laisse croire que les pays de l’Otan ne s’arrêteront pas là. Donald Trump et l'Alliance ont exigé que les pays membres de l’Alliance portent leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB immédiatement et non à l’horizon 2024. Et l’insistance sur cette question de celui qui qualifiait l’Otan d’«obsolète» pendant sa campagne électorale a toutes les chances d’avoir de l’effet, vu l’influence des États-Unis sur l’organisation.

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Pascale Boniface le confirme: «Il est difficile que les déclarations de Trump passent inaperçues avec la force et même la violence avec lesquelles il les exprime généralement et on peut dire que l’institution Otan en tant que telle est fortement attachée aux Américains. […] Dans tous les cas, le fait d’élever le niveau des dépenses militaires, c’est une demande à la fois des États-Unis et de l’Otan, a bien été entendue avec la violence qui a été exercée, notamment ce matin, à l’égard de l’Allemagne».

Quel peut alors être le choix des pays européens qui se retrouvent confrontés à ce genre de «chantage»? Répondant à cette question de Sputnik, Pascal Boniface souligne que tout dépend de l’attitude des pays.

«Certains qui voient dans la Russie une menace existentielle comme la Pologne et les pays baltes qui craignent avant tout un lâchage par les États-Unis,  et lorsque Trump menace comme cela, ça leur fait extrêmement peur. D’autres, comme la France et, j’imagine, l’Allemagne, aujourd’hui estiment qu’il n’y a pas à céder à ce type de chantage, que les décisions doivent être prises de façon nationale et qu’il a une sorte de remise en cause de notre indépendance, si on devait se contenter d’appliquer les décisions prises par Washington», explique-t-il.

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D’ailleurs, la France, estime le politologue, n’a pas tant accepté d’augmenter ses dépenses militaires à 2% de son PIB pour contenter Trump que pour «satisfaire les besoins exprimés par des responsables militaires français».

Et de rappeler que l’armée française était engagée sur plusieurs terrains hors de ses frontières. Par conséquent, doper les dépenses militaires signifie aussi «se donner plus de marge de manœuvre par rapport aux Américains».

«L’augmentation des dépenses militaires n’est pas forcément le suivi par rapport aux États-Unis, elle peut être aussi un moyen de conserver, de prendre une certaine autonomie par rapport aux Américains en réduisant notre dépendance à leur égard», conclut-il.

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