« Il y avait une discrimination, un dérèglement qu'il fallait corriger », estime Vincent Dennery, Directeur de la Fondation pour l'enfance. Actuellement, un tiers des jeunes qui a bénéficié de l'aide sociale à l'enfance (Ase) se retrouve à la rue après 18 ans.
Vincent Dennery ne peut que se réjouir d'une telle annonce, déjà esquissée en 2016 mais qui n'avait alors pas été retenue:
« En France, l'âge moyen d'entrée dans la vie active, est plutôt de 22 à 23 ans ». Mais « on considère que ces jeunes, qui avaient déjà un cadre difficile, devaient être autonomes et en mesure de rentrer dans la vie active » à 18 ans, soit quatre ans plus tôt que les autres.
Passé cet âge, « s'ils quittent cette protection de l'enfance il n'a rien, sauf à rentrer dans les dispositifs sociaux de protection des adultes, type RSA », rappelle-t-il. Pour remédier à ce problème, certains départements proposent des "contrats jeunes majeurs" jusqu'à 21 ans, mais ceux-ci ne durent souvent que de trois à six mois et seuls 20.900 jeunes en profitent. Cette situation très hétérogène « provoquait beaucoup de discrimination et d'imperfection dans le système ».
Il a « urgence sociale », insiste Michèle Créoff, vice-présidente du Conseil national de protection de l'enfance, cité par La Croix, qui rappelle que « 34 % des personnes sans domicile fixe sont des anciens de la protection de l'enfance ».
« Il y a tout un tas de facteurs qui peuvent concourir, au-delà de la durée de l'accompagnement », a plongé ces jeunes « dans des situations personnelles parfois compliqué », « malheureusement, compte tenu de leur aventure dans l'enfance », nuance Vincent Dennery: « Néanmoins, une des cause est liée au fait qu'on en abandonne un certain nombre au bord de la route à un moment absolument déterminant, qui est le passage à l'âge adulte ».
150 députés ont soutenu la proposition de loi, qui reste cependant en suspens: Richard Ferrand, le patron des députés LREM, et la ministre de la Santé Agnès Buzyn souhaitent faire inscrire cette proposition dans le plan de lutte contre la pauvreté, prévu pour la rentrée.
« Le jeune, à un moment donné, coûtera de l'argent à la société: minima sociaux, conséquence de cette personne partant à la dérive, etc. […] Que ça rentre dans le cadre de protection de l'enfance ou de lutte contre la pauvreté, peu importe », conclut M. Dennery.