L'été risque d'être chaud pour les femmes en Algérie. Après l'agression d'une joggeuse début juin, en plein mois de ramadan, voilà que des messages apparaissent sur internet, à l'approche de la saison estivale, appelant à punir toute femme sortant dans la rue habillée d'une façon pas assez «pudique», selon les rédacteurs de ces messages.
Algérie: ouvertement menacées, des femmes tiennent tête à l’obscurantisme https://t.co/bmUcYxUTNq via @observalgerie
— Diaspora Saharaui (@diasporasahraui) 17 juin 2018
«J'ai une très bonne idée, on va jeter des lampes pleines d'acide au visage de toutes celles qui s'habillent indécemment, comme ça on va les éduquer et aucune d'elles n'osera plus sortir de chez elle», a écrit un internaute sur son compte Facebook ces derniers jours. Ce message a été retiré par la suite.
«J'ai déposé plainte aujourd'hui auprès des services de cybercriminalité (…) les policiers m'ont assurée que ce qu'a fait cet individu est un délit puni par la loi», a ainsi annoncé une internaute.
Début juin, une jeune joggeuse algérienne a été frappée dans la rue par un homme qui a affirmé qu'elle n'avait pas le droit de faire son footing pendant le ramadan, lors de la rupture du jeûne.
Aujourd’hui à Alger, une course a été organisée en solidarité avec la jeune Ryma agressée il y a quelques jours alors qu’elle faisait un footing #Alger #Algerie pic.twitter.com/Q72HcHXBai
— Zahra Rahmouni (@ZahraaRhm) 9 juin 2018
«Un jeune homme m'a frappée et a commencé à me crier dessus: "Ta place est dans la cuisine!"», a indiqué la victime, Ryma, dans une vidéo où elle raconte, en pleurs, son histoire.
Qui plus est, les policiers auprès desquels elle a porté plainte l'ont fait culpabiliser et lui ont demandé pourquoi elle était sortie à une heure pareille.
En Algérie, de nombreuses femmes victimes d'agression ou de harcèlement ne déposent pas plainte ou abandonnent les procédures en raison d'un environnement hostile, d'autant plus que dans nombre de cas, les violences ont lieu en milieu familial. En outre, elles sont souvent confrontées, comme Ryma, à la réticence des services de police. Et ce malgré l'entrée en vigueur d'une loi criminalisant la violence conjugale et le harcèlement de rue.