Les navires de guerre modernes doivent être le moins visibles possible pour échapper aux moyens de contrôle ennemis. Pendant la Première Guerre mondiale, plusieurs pays dont la France camouflaient leurs navires en dénaturant notamment leur forme et structure grâce à de la peinture. Les coques étaient bariolées avec des lignes de couleurs dégradées. Mais l’évolution des moyens de reconnaissance radar a obligé les constructeurs à utiliser des méthodes plus sophistiquées.
Échapper à la vague
Il semble facile de se perdre dans l’immensité de l'océan, mais pas pour un navire militaire surveillé par des radars côtiers à longue portée, des radars embarqués et des moyens de détection optique. Ces dernières décennies, les technologies furtives sont venues en aide aux développeurs.
Une architecture spéciale de la coque et des superstructures du navire, ainsi que l'utilisation de matériaux composites capables d’absorber une partie des ondes radio rendent le navire presque invisible aux radars.
Les États-Unis ont mis les navires à faible signature radar à la mode. Lockheed Martin a construit en 1985 le navire expérimental à deux coques Sea Shadow (IX-529).
Inspiré par le succès de l’avion furtif F-117 Nighthawk, le commandement américain a décidé de commander ce navire inhabituel. Les constructeurs ont utilisé les mêmes technologies furtives pour la création du Sea Shadow. Le projet est resté secret jusqu’en 1993. Le navire a été caché dans la coque de la péniche Hughes Mining Barge, spécialement conçue pour soulever le sous-marin soviétique submergé K-129.
La structure du Sea Shadow ressemblait à celle d’un catamaran. Le navire n'avait pas de partie sous-marine. La coque surélevée reposait sur la surface de l’eau au moyen de deux «ailes» plates. Cela a donné au navire une bonne stabilité dans la mer orageuse et lui a permis d’atteindre une vitesse de 28 nœuds. En plus, un navire conçu de cette façon laisse un faible sillage à la différence d’un navire conventionnel. Cela complique aussi sa détection. Le Sea Shadow n’avait aucune superstructure sur le pont.
Cependant, le navire expérimental n’était pas adapté au combat: il n’était pas prévu d’y installer des armes et son équipage se composait de seulement quatre personnes. Après une série d'expériences, l’US Navy a clos le projet. Vendu aux enchères en 2012, le Sea Shadow a été presque immédiatement démantelé.
Certaines solutions techniques inventées pour le Sea Shadow ont plus tard servi lors des travaux de conception des destroyers lance-missiles américains Zumwalt (DDG-1000). Comme tous les «navires invisibles», le Zumwalt n’a pas une forme classique. Il a une coque aplatie, moins de superstructures sur le pont et une proue pointue.
Il était prévu que la flotte reçoive 32 destroyers de ce type. Mais le prix du navire était trop élevé: 3,3 milliards de dollars. Pour le moment, les États-Unis n’en ont construit que trois.
Un Scandinave à facettes
Les Suédois ont été les premiers à lancer la production en série de navires furtifs.
En 2000, la société de construction navale Kockums AB a mis à l’eau une corvette de classe Visby. Longs de quelque 70 mètres, les navires de ce type ont un déplacement de 640 tonnes. Deux turbines à gazole et quatre turbines à gaz permettent au navire d’atteindre la vitesse de 35 nœuds. La corvette est dotée d’une pièce d’artillerie Bofors SAK de 57 mm, de mines et de missiles et peut embarquer un hélicoptère.
Les corvettes Visby se distinguent surtout par leur forme futuriste inhabituelle aux lignes irrégulières. Sur le pont, il y a un minimum de superstructures: tous les nœuds et équipements d’amarrage se cachent à l’intérieur de la coque. Même le canon se confond presque avec le pont. Les systèmes de missiles antinavires sont dissimulés dans la partie arrière du navire.
La coque des Visby est étroite et facettée, elle est presque entièrement fabriquée de matériaux composites qui absorbent les ondes radio et réduisent la signature radar. Ces propriétés des matériaux et l’architecture particulière de la corvette lui permettent de rester invisible aux radars ennemis à une distance de 22 kilomètres dans une mer calme. Si l’équipage utilise les systèmes embarqués de guerre électronique, sa visibilité se réduit à 10 ou 11 kilomètres.
Cinq navires de classe Visby sont actuellement en service dans la Marine royale suédoise. Ils ont participé à plusieurs exercices, mais ils n’ont pas été utilisés dans les conflits armés, il est donc difficile d’évaluer leur efficacité réelle du combat.
Un «amiral invisible»
Les constructeurs russes développent des navires utilisant des technologies furtives depuis assez peu de temps. Les frégates du projet 22350 seraient les bâtiments de guerre furtifs russes les plus connus. Il a fallu attendre 12 ans avant que le premier navire de ce type soit remis à la Marine, probablement en raison du fait que la Russie y a mis toutes les réalisations scientifiques avancées de son industrie de défense.
Les navires du projet 22350 peuvent être considérés comme furtifs. Leurs superstructures sont composées de matériaux composites à base de polychlorure de vinyle et de fibres de carbone. Grâce à une architecture spéciale, ces bâtiments de guerre ont une faible visibilité radar et optique.
En outre, l’Admiral Gorchkov est muni du canon universel de 130 mm AK-192 et du système de torpilles anti-sous-marins Paket-NK.
Selon des médias, le ministère de la Défense aurait commandé quatre navires de ce projet. À l'avenir, les frégates de la série modernisée 22350M devraient former la base de la Marine russe de haute-mer.