Dans une interview accordée à Sputnik, Alexeï Portanskiy, professeur de l'École des hautes études en sciences économiques et chercheur senior de l'Institute of World Economy and International Relations, évoque les éventuelles raisons qui auraient poussé le Président américain à parler de la nécessité de la réintégration de la Russie au sein du G8.
«Je ne crois pas que Trump ait évoqué cette initiative par amour pour la Russie (souvenons-nous des sanctions), mais juste pour se montrer devant ses partenaires au sein du G7: "je dirai encore ça, comment le prendrez-vous?" Trump est ainsi de nature. Je n'y chercherais pas de sens politique profond. Il mène une politique de sanctions à l'encontre de la Russie, qui est trop inopportune pour nous. Voici pourquoi sa proposition est vraiment une pique pour ses partenaires européens.»
«La position du Japon et du Canada est proche de celle de l'Union européenne. Les sanctions imposées par l'administration de Trump affectent et le Canada, et l'UE, et le Japon. Le plus important, c'est qu'elles enfreignent les lois du commerce international, des lois de l'OMC. C'est pourquoi l'indignation des Européens et des Canadiens est compréhensible.»
M.Portanskiy estime que l'approbation de certaines déclarations sans la participation de Donald Trump est possible puisque «c'est une conséquence directe du mécontentement des Européens à cause des nouveaux tarifs douaniers.»
Et de poursuivre:
«Trump fait voler en éclat les lois du commerce international, ce qui est dangereux pour le futur.»
Le professeur de l'École des hautes études en sciences économiques revient sur les années 2002-2003, où les États-Unis avaient également augmenté les tarifs douaniers sur l'acier. Plusieurs pays avaient alors porté plainte à l'OMC et les États-Unis avaient dû annuler leur décision, mais cette situation était plus simple, alors qu'aujourd'hui personne ne connaît les raisons pour lesquelles Trump l'a fait, estime l'expert.
«Il ne faut pas croire que toutes les mesures inventées par Trump ou par son administration, soient absolument adéquates et y chercher un sens profond. De plus, il peut changer d'avis.»
Et d'expliquer:
«Par exemple, quand il est arrivé à la Maison-Blanche, le premier décret qu'il a signé, concernait la sortie de l'accord du Partenariat Trans-Pacifique, et aujourd'hui il étudie une proposition […] de peut-être y revenir. Ce n'est pas vraiment sérieux. Donc, il est difficile d'analyser une telle politique.»