«On a vu s'exprimer ces derniers temps une volonté européenne de soutenir l'accord du nucléaire, mais, s'il n'y a pas de solution pratique qui soit prise dans un délai très raisonnable, cela aura été bien joli à entendre, mais cela n'aura pas d'effet positif pour les sociétés qui sont soumises à ces sanctions américaines.»
«L'unanimité sur certains sujets est difficile à trouver et c'est ce qui freine un petit peu la possibilité de trouver des solutions rapidement. Mais plus globalement, depuis que Trump a fait trembler cet accord, on a pu ressentir cette même voix de l'UE qui continue de soutenir le JCPOA et répète que l'UE respectera sa signature.»
«On a ressenti en France une volonté, c'est certain, de financer, mais qui ne s'est pas, malheureusement, concrétisée. Cette volonté est noble et il y a eu beaucoup d'efforts pour que ce soit mis en place. Malheureusement aujourd'hui, cela ne l'est pas encore.»
«Concernant l'amendement de la réglementation de ce qu'on appelle les "booking sanctions", qui permettrait d'annihiler l'effet extraterritorial des sanctions américaines, c'est très intéressant. En revanche, elle a des limites pratiques. Il est fort à parier que cette réglementation n'aidera pas les sociétés qui ont des intérêts aux États-Unis, à moins qu'on l'amende et qu'on lui donne une extraterritorialité encore plus grande.»
Sophie Gabillot ne pense donc pas que cette direction est envisagée actuellement par l'UE. L'avocate évoque une autre solution: celle de la création d'un organisme de contrôle financier, comme celui de l'OFAC aux États-Unis:
«Il a été question d'un OFAC européen. Mais que va-t-il faire? Pour l'instant, je n'ai pas encore de visibilité sur la manière dont cet OFAC européen pourrait justement permettre aux sociétés de contourner les sanctions ou plus exactement de continuer à faire des affaires en Iran, sans pour autant être touchées par les sanctions américaines quand leur secteur d'activité est touché.»
Mais, ces deux précédentes mesures ne sont qu'une répartie aux actions américaines, qui ne règle pas le problème financier:
«La question d'un financement par la Banque européenne d'Investissement est une question qui n'est pas nouvelle pour l'UE. Mais quand est-ce que cela pourra être mis en place? Quand est-ce que cela pourra être disponible pour ces sociétés qui peuvent encore travailler avec l'Iran?»
Finalement, le constat immédiat que dresse Sophie Gabillot est que ces différents systèmes ont des limites, voire ils ne sont qu'au stade embryonnaire. Quant à la question de l'utilisation de la monnaie américaine, encore au centre des échanges internationaux, l'avocate rappelle que:
«Cette difficulté monétaire a toujours existé. Même durant la non-imposition des sanctions, l'utilisation du système financier américain dans une transaction avec l'Iran n'était pas permise. Cette sanction n'a jamais été levée. Le moment où ces sanctions devaient être levées était en 2023.»
«Les PME représentent une jolie part du marché et une très belle énergie pour l'Iran, puisqu'elles souffrent moins de la question un peu schizophrène du système des sanctions américaines; donc elles ont plus de marge de manœuvre pour se poser la question de poursuite des activités en Iran.»