Rajoy quitte le pouvoir et l'Espagne risque la crise politique

© Sputnik . Juan MedinaMariano Rajoy
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Le Parlement espagnol a voté la destitution de Mariano Rajoy d'une courte majorité. Le Premier ministre n'a pas survécu à la condamnation pour corruption de son parti, condamné par l'alliance de circonstance entre socialistes et indépendantistes. Alors que la crise politique a pris fin à Rome, elle pourrait ne faire que commencer en Espagne.

Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, n'a pas survécu à la motion de censure à laquelle il faisait face les 31 mai et 1er juin dernier. L'initiative, prise par le Parti socialiste espagnol (PSOE), répondait à la condamnation du Parti populaire (PP) en tant que personne morale dans une affaire de corruption appelée «Affaire Gürtel».

Ce cas, dont la découverte remonte à une dizaine d'années, démontre l'existence d'un réseau de corruption lié au Parti populaire et qui aurait bénéficié à de nombreux de ses cadres. La justice espagnole estimait ainsi que 120 millions d'euros avaient été détournés entre 2009 et 2005.

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Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy renversé par le parlement
La condamnation le 24 mai du Parti Populaire comme personne morale a fait l'effet d'une bombe dans un pays où la corruption est la deuxième préoccupation de la population, derrière le chômage mais devant des sujets cruciaux comme la santé, l'éducation ou l'indépendance de la Catalogne.
Lors du rendu de ce verdict, les juges avaient estimé que les «preuves accablantes» remettait «en question la crédibilité des témoins» ayant nié l'existence d'un système.

C'est ce contexte défavorable au PP que Pedro Sanchez, le secrétaire général du PSOE, a su exploiter en déclenchant son attaque institutionnelle contre le Premier ministre en fonction. Et son pari s'est avéré gagnant puisque la motion de censure qu'il avait déposée a recueilli 180 voix, soit 4 de plus que la majorité absolue.

Le socialiste, dont personne ne pensait que la motion pourrait prospérer, a en effet réussi à renverser la situation en une semaine. Se posant en alternative crédible à Mariano Rajoy, il a su rallier à lui plusieurs partis autonomistes et indépendantistes opposés au chef de l'exécutif.

Aux 84 députés socialistes, se sont donc ajoutés, sans surprise, les membres d'Unidos Podemos, le parti né du mouvement des Indignados, mais également les partis autonomistes de la région de Valence et des Canaries, Compromis et Nueva Canarias; ainsi que les partis indépendantistes catalans (ERC et PdeCAT) désireux de mettre fin tant au mandat de Rajoy qu'à la mise sous tutelle de leur région que ce dernier avait décrété au lendemain du référendum illégal du 1er octobre 2017.

Plus surprenant est le soutien des nationalistes basques du PNV, alliés traditionnels du PP mis sous pression par les indépendantistes catalans favorables à Sanchez. Après avoir soutenu Rajoy pour l'approbation des budgets de l'année 2018, ces derniers ont, malgré eux, été les arbitres du combat institutionnel entre M.Rajoy et M.Sanchez. Leurs 5 députés ont finalement voté en faveur de la motion de censure, permettant au socialiste de prendre la tête de l'exécutif.

Le PSOE et Pedro Sanchez auront donc, une fois la démission du gouvernement actée, la charge de présenter au roi Felipe IV un nouveau gouvernement alors même que l'Assemblée espagnole est extrêmement fragmentée entre les deux partis traditionnels (PP et PSOE), les deux challengers (Ciudadanos et Podemos) et la myriade de petits partis aux enjeux locaux.

Pour mémoire, suite aux dernières élections, le blocage politique de 10 mois avait pris fin lorsque le PSOE s'était abstenu pour permettre à Mariano Rajoy de gouverner en minorité avec le soutien de Ciudadanos.

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