Sputnik a récemment exprimé le souhait que les relations privilégiées entre les universités russes et françaises soient confortées par des accords juridiques, afin de verrouiller le statut et le renom du Collège Universitaire français de Moscou. Nos vœux son exaucés!
Rappelons-nous les faits: fin 2016, un accord de coopération était signé avec l'université d'État Lomonossov de Moscou (MGU), qui créait le statut légal du Collège Universitaire français à Moscou. La deuxième étape était que les étudiants qui y étudient reçoivent des diplômes reconnus dans les deux pays. Il fallait pour cela créer des «doubles diplômes».
Dans cette optique, les responsables français des échanges universitaires entre les deux pays viennent de trouver le partenaire «parfait»: la Sorbonne. Pour la partie française, cela donne un poids énorme: l'université numéro un de France (qui vient en plus de faire peau neuve, en regroupant la faculté des sciences avec celle de lettres) se lance dans l'affaire du double diplôme avec le Collège Universitaire français. Côté russe, c'est l'Université d'État de Saint-Pétersbourg qui se joint à l'aventure.
Dès la rentrée, les étudiants sélectionnés pour ce double cursus entreront en course pour le diplôme franco-russe. Les responsables français du projet, satisfaits du succès qui couronne trois ans d'efforts et de négociations, n'ont désormais plus qu'un souhait: que le maximum d'universités françaises adhère à cette logique, afin que la majorité d'étudiants du Collège Universitaire français puissent obtenir un diplôme à la fois russe et français.
Un succès qui inspire le MGU, dont l'équipe est très demandeuse de ce type d'actions.
«Nous espérons que cette année MGU répondra positivement et que dans un an cela sera en place», précise notre source dans le milieu universitaire, «L'objectif est de trouver un bon partenaire français, c'est-à-dire trois ou quatre gros établissements, surtout parisiens, pour participer au Collège et qui soient partenaires du MGU.»
Sur le papier, il existe depuis trois ans une «reconnaissance mutuelle de diplômes et qualifications», signée en Russie en présence de l'ambassadeur et des présidents de plusieurs universités. Mais dans le quotidien, on sait qu'il ne faut pas surestimer cette «lettre d'intentions», qui n'a aucune valeur réglementaire. On ne peut pas obliger un établissement (qui est indépendant dans ses décisions) à reconnaître automatiquement un niveau d'études ou un diplôme, cela n'existe nulle part dans le monde.
En revanche, la France et la Russie sont parties prenantes dans le processus de Bologne d'harmonisation des systèmes d'études supérieures. Elles ont ainsi établi un système de concordances entre leurs cycles universitaires: licence en 3 ans, maîtrise en 2 ans, doctorat —en 3 ans, plus les fameux crédits ECTS. Ce système mis en place par l'Union européenne permet de faciliter la lecture et la comparaison des programmes d'études des différents pays européens.
Les deux pays ont même signé en 2015 un accord de reconnaissance de leurs diplômes, qui encourage les établissements à reconnaître les niveaux de compétences acquises, sans pour autant les y obliger. Ce document a une importance incitative, il pourrait aider un étudiant dans sa négociation sur le niveau de sa compétence à l'entrée à l'université d'un autre pays qui pourra joindre ce document dans son dossier de candidature.
Ainsi, les premiers pas entre la France et la Russie sont faits. Bientôt, peut-être d'autres pays pourront suivre cet exemple et l'on verra la coopération universitaire avec la Russie s'élargir à toute l'Europe… Voire à d'autres continents.