Si le fromage français ne vient plus en Russie, pourquoi pas amener les ancestrales méthodes françaises en Russie? Voici ce que le fermier Vladimir Borev s'est fixé comme tâche, afin de régler cette injustice des sanctions antirusses et libérer tout le potentiel de la fromagerie russe. Le fromager russe a partagé son incroyable histoire avec Sputnik.
Elle commence par la rencontre avec une magnifique famille française, qui a produit pendant 40 ans du fromage en France, dans différentes régions, notamment en Corse. Les fromagers sont venus dans le petit village de Maslovka, dans la région de Lipetsk, et pendant trois mois ils ont partagé leurs expériences. Chaque jour, ils ont donné des leçons de fromagerie à M.Borev et à ses collègues pour qu'ils se familiarisent avec toutes les technologies, recettes, méthodes et toute la culture du fromage, raconte-il. «Comme ça, nous avons produit du fromage avec nos propres vaches, nos propres chèvres», explique-t-il.
Selon lui, l'UE perd une somme faramineuse, deux milliards d'euros par an, seulement à cause du fromage sanctionné.
«C'est bien dommage pour l'Espagne, pour la France et pour les autres pays européens parce que à cause de vos sanctions vous perdez deux milliards d'euros par an. C'était le potentiel du marché russe au niveau des exploitations de fromage. Annuellement, vous avez perdu deux milliards d'euros juste pour le fromage, mais il existe encore les pommes, d'autres choses. Vous avez tué votre petite agriculture et nous avons rattrapé ça et aujourd'hui on ne se plaint pas, on dit merci pour les sanctions. Continuez-les! Il faut continuer. Nous demandons les sanctions en gros!», ajoute le fromager, qui a attribué à sa marque le nom romantique de «Beau Rêve».
Aujourd'hui, la ferme de Maslovka produit des fromages authentiques «parce que nous avons pensé qu'ici si on peut ne pas exporter les fromages de France, on peut exporter les fromagers français qui produisent le fromage selon les traditions françaises ancestrales», souligne-t-il. «C'est dommage mais on rattrape toutes les pertes des importations russes et on essaie de regagner tout ce qu'on a perdu. Les fromages, c'est un bon exemple parce qu'on aime la culture française et la consommation de fromage, la culture du fromage fait partie de la culture française et elle est devenue une partie de la culture russe».
Son fromage préféré n'est pas un secret: c'est un fromage français fabriqué sur les méthodes lactiques de laits non pasteurisés.
Mais comment la passion pour le fromage est-elle née dans ce cœur russe? «J'ai fait mes études en France, j'ai travaillé comme journaliste, je visitais assez souvent la France et je me suis habitué à manger du fromage à la fin de chaque repas et quand les sanctions sont venues, nous avons perdu cette possibilité de goûter les fromages français chaque jour et j'ai pensé que c'est bien dommage et qu'il fallait agir», partage le fromager Russe.
Néanmoins, remplir les tables russes de fromages n'est pas le seul but du fromager. «C'est aussi un geste géopolitique pour dire: la France a perdu ce marché, la France ne nous donne plus cette possibilité de goûter chaque jour les magnifiques fromages français et alors nous devons le remplacer par le fromage français produit en Russie. C'est notre position», affirme M.Borev.
Sur son stand au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, il a partagé de tout son cœur l'histoire de sa fromagerie et offre du fromage aux tous curieux.
Le fromager russe Vladimir Borev présente sa production aux participants du SPIEF-2018. Retrouvez son incroyable histoire sur Sputnik: https://t.co/mAnGuuBrgp pic.twitter.com/ocZi08K2QB
— Anna (@dedkova_sputnik) 29 mai 2018
«Moi, je ne veux pas que les sanctions s'arrêtent parce que nous sommes bien avec les sanctions, mais si un jour les sanctions sont levées, les grosses entreprises qui produisent industriellement du fromage pourront revenir ici, mais jamais le petit fermier français ne reviendra pas sur le marché russe, c'est très loin, c'est difficile… Nous sommes des petits fermiers avec une modeste petite production et nous resterons sur le marché même s'il y a de gros producteurs français industriels», conclut-il, avec de la fermeté dans la voix.