Et si on reliait la Crimée à la France par un pont?

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Alors que Vladimir Poutine inaugurait mardi le pont reliant la Crimée à la Russie continentale, à l’autre bout de la péninsule, une délégation française posait les fondations d’une autre passerelle, qui attachera la Crimée à l’Hexagone par la voie des échanges culturelles et fera découvrir cette terre aux Français malgré les tensions politiques.

La Crimée et la France se rapprochent. Une délégation française s'est rendue cette semaine sur la péninsule pour une visite de quatre jours afin d'officialiser un jumelage entre la ville de Marignane (Bouches-du-Rhône) et celle d'Eupatoria, sur la côte ouest de la Crimée.

«Le Président Poutine a inauguré un pont entre Krasnodar et la Crimée et nous sommes en train de construire un petit pont entre la Crimée et la France», explique à Sputnik Hubert Fayard, ancien conseiller régional de Provence et président de l'agence Amitiés France-Crimée.

Cette association entre communes, signée le 14 mai par Éric Le Dissès, le maire de Marignane et Olessia Kharitonenko, la maire d'Eupatoria, s'accompagne d'ores et déjà d'une série de projets sur les plans scientifique, éducatif, culturel et sportif. Une délégation de la ville criméenne est attendue en Provence dans les prochains mois.

Une passerelle entre la Provence et la Crimée

Séparées par 3.000 km, Marignane et Eupatoria ont de nombreuses choses en commun. Les deux sont situées sur le littoral, près d'une lagune, et les deux sont des berceaux de l'industrie aéronautique. Premier fabricant mondial d'hélicoptères, Marignane abrite un important site de production d'Airbus Helicopters tandis qu'Eupatoria est en train de moderniser son usine d'avions construite en 1926, peu après la formation de l'URSS.

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La convention de partenariat entre des localités provençales et la péninsule n'est pas une première en soi, un jumelage ayant déjà été conclu entre Cassis et Alouchta ainsi qu'entre Nice et Yalta. Or, ces deux autres accords avaient été signés bien avant le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014, qui a déclenché une vague de froid arctique entre la Russie et l'Occident. En 2016, le maire de Nice, Christian Estrosi, n'a tout de même pas hésité à renouveler ce jumelage, invitant une délégation de Yalta en France. Une démarche qui a suscité à l'époque la colère de l'ambassade d'Ukraine et la réprobation des médias français.

La colère du Quai d'Orsay

Cette nouvelle visite d'une délégation française en Crimée, qui a coïncidé avec l'inauguration du pont le reliant à la Russie, n'a pas manqué de faire fulminer le Quai d'Orsay. Ce dernier s'est fendu mardi d'un communiqué désavouant toute son implication dans ce déplacement, déplorant cette «initiative personnelle» d'élus français et affirmant que «l'accord signé par la municipalité de Marignane ne reflétait pas la position du gouvernement».

La diplomatie française a également profité de l'occasion pour condamner le pont de Crimée.

«Je suis bénévole, je ne suis pas un agent du Kremlin»

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En dépit des tensions politiques ou peut-être justement en raison de leur existence, le lancement du partenariat avec Eupatoria a encouragé Hubert Fayard à créer l'agence Amitiés France-Crimée. «On veut développer les relations entre la Crimée et la France et que ce soit des relations au niveau des politiques», affirme-t-il. «Moi, mon objectif, c'est de chercher d'autres villes qui veulent se jumeler avec la Crimée et chercher également des décideurs, des gens qui veulent investir en Crimée, notamment dans le domaine du tourisme, il y a beaucoup à faire. Et aussi au niveau culturel, avoir des événements culturels franco-russes en Crimée».

Et comme pour anticiper la réaction de certains hommes politique, le responsable s'empresse de préciser: «Je suis bénévole, je ne suis pas un agent du Kremlin comme disent certains, je fais ça par amitié, par affection».

Pour lui, il est «indiscutable» que la Crimée est russe, et «le pont de Kertch maintenant c'est en quelque sorte le cordon ombilical» qui relie la péninsule avec la Russie.

«Si les Français écoutent leur presse, ils ne viendront jamais en Crimée»

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Mais pour y arriver, il faut d'abord faire découvrir la péninsule aux Français et effacer la méfiance engendrée par la presse. «Il faut faire un distinguo entre la presse française et le peuple français. Il y a beaucoup de gens, le peuple n'est pas dupe», dit le politique avant de poursuivre: «S'ils écoutent la presse française, ils ne viendront jamais. Donc c'est pour cette raison qu'il faut une contre-information, il faut dire la vérité».

Pour trouver cette «vérité», il sera bientôt possible de se rendre sur le site de l'Amitié France-Crimée. En attendant, Hubert Fayard invite les Français et tous les Européens à venir voir la péninsule et nous fait part de ses propres impressions: «Ce qui m'a frappé, c'est que c'est une terre de contrastes. On y retrouve par exemple beaucoup de régions françaises: la Provence, la Corse. C'est vraiment un pays extraordinaire».

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