Prochainement, le bureau d'Open Society à Budapest déménagera à Berlin.
«La décision de déplacer toutes les opérations de Budapest a été prise parce que le gouvernement hongrois prépare des restrictions supplémentaires pour les ONG avec le projet de loi Stop Soros», stipule le communiqué de l'organisation.
En effet, le gouvernement hongrois a l'intention de durcir le contrôle de la migration clandestine dans le pays et d'instaurer une taxe de 25% sur les ONG qui, selon les autorités, aident les migrants en contournant l'État. Open Society, dont la représentation travaille en Hongrie depuis 1984, est l'une des premières organisations sur cette liste. Il s'agissait de la première filiale de Soros ouverte hors des États-Unis.
Une Hongrie sans Soros
La décision de Soros ne semble pas spontanée. Ces derniers temps, les relations entre le milliardaire et le chef du gouvernement hongrois se caractérisaient par un échange permanent d'accusations réciproques.
Pendant sa campagne électorale en avril dernier, Viktor Orban a pris George Soros comme cible. A travers le pays on pouvait voir des affiches de campagne avec l'inscription «Monsieur Soros organise une migration massive en Hongrie et dans le reste de l'Europe».
«C'est pratiquement un conflit personnel entre Orban et Soros», déclare Nikolaï Topornine, maître de conférences à la chaire de droit européen à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGIMO).
D'après l'expert, Viktor Orban perçoit une menace dans les puissantes organisations étrangères.
«Soros tentait de soutenir les forces politiques et les associations hongroises qui étaient opposées à Orban et à son parti Fidesz. C'est un conflit direct qui dure depuis longtemps», souligne Nikolaï Topornine.
De son côté, Andras Racz, professeur de l'université catholique Peter Pazmany à Budapest, pense que les motifs personnels ne jouent aucun rôle dans l'expulsion de Soros de Hongrie: «Le politicien est mu par la volonté de mettre un terme ou d'affaiblir l'influence des ONG. En ce qui concerne l'Université d'Europe centrale fondée avec l'aide de Soros, c'est une autre histoire».
Au total, l'aide de Soros à la Hongrie est estimée à des centaines de millions de dollars.
L'organisation de George Soros travaille dans le monde entier. Les représentations de la fondation existent dans plus de 30 pays. Depuis des années, la fondation Soros est accusée d'ingérence dans la politique nationale des pays où ses représentations sont ouvertes à cause de son soutien à certains mouvements protestataires.
On estime également que la fondation Soros a activement participé aux «révolutions de couleur». En particulier, la presse lui attribue le renversement du Président géorgien Edouard Chevardnadze, du dirigeant serbe Slobodan Milosevic, ainsi que la déstabilisation de la situation en Ukraine en 2014. Récemment, en février 2018, Soros a exprimé son soutien aux opposants au Brexit en leur allouant 400.000 livres.
«Les ONG occidentales restent extrêmement influentes en Serbie malgré l'attitude hostile des médias serbes», précise Gueorgui Enguelgardt, En particulier, ces organisations ont beaucoup de poids dans le cadre du processus serbe d'intégration européenne et du dialogue intérieur sur le Kosovo. Selon lui, ces organisations jouent le rôle de «représentants officieux de l'Occident».
En Russie, la fondation Soros a été reconnue comme organisation indésirable par le parquet russe en 2015. Elle s'est retrouvée sur la «liste noire patriotique» avec 11 autres ONG internationales.
Open Society a cessé son activité sur le territoire russe en 2003, six ans après l'ouverture du bureau en Russie.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.