Le petit air, d'il y a quelques mois, claironnant une bravade conquérante sur les airs de Kalinka est retouché. Désormais, c'est une inclination, toute naturelle des «autochtones» russes, à l'assimilation, séduits qu'ils sont par les allégories des nouveaux arrivants: la chéchia rouge remplace volontiers la toque de fourrure, le bortsch, plat traditionnel russe, est écarté au profit du tajine ou de la bsissa, et la cornemuse locale, Mezoued, résonnera en plein théâtre moscovite!
Le mariage est on ne peut plus harmonieux entre folklore russe et les expressions de l'authenticité tunisienne dans toute sa coquetterie: des lanternes jetant une ambiance clair-obscur sur les ruelles de la vieille ville, l'habit traditionnel safsari enfilé par des figurantes moscovites et pour Messieurs chéchias à volonté. Pour couronner le tout, les incontournables youyous. Depuis Tunis, on annonce qu'on marche sur Moscou pour enflammer les stades et faire des émules lors de cette Coupe du Monde.
Mai 2018. Plus qu'un mois et demi sépare les Aigles du coup d'envoi de la 21ème édition de la plus grande manifestation planétaire de tous les temps. Les supporters tunisiens, par centaines, s'y voient déjà. L'équipe de com de l'opérateur national, elle, est déjà sur le terrain, pour un reload. Le nouveau clip, de 2 minutes à peine, est scindé en deux. Dans la première partie, différentes scènes de la vie moscovite: la Place rouge, le métro de Moscou, un théâtre… Partout, on annonce la grande nouvelle: «Les Tunisiens arrivent!», comme on peut lire sur l'arrière-plan d'une scène d'un ballet militaire, ou même sur la Une d'un journal russe imaginaire «Le matin», dont le nom est un clin d'œil «éponymique» au principal journal arabophone en Tunisie. Plus loin de Moscou, au fin fond d'une forêt sombre, un bûcheron arrête de couper le bois pour se poser la question sur l'identité des arrivants, en invoquant le Saint-Patron de Tunis, Sidi Mehrez. Même une babouchka, nichée dans une cabane de la campagne sibérienne, est très attentive à la radio. Au point que son mari, grognon, réclamant autre chose que le bortsch dont elle le gave en permanence, recevra une tape sur la main en essayant de changer la station de radio…sur le point d'annoncer la nouvelle: «Les Tunisiens sont désormais célèbres, et ils arrivent. Sans craindre le froid….ni Poutine!»
Le mari trouvera son bonheur, finalement, dans la deuxième partie du clip, en se voyant servir un bon tajine tunisien. Le bûcheron barbu, lui, se régalera, pour sa part, avec de la harissa bien forte dont il tartinera une tranche de pain avant de reprendre la hache, alors qu'on change carrément de registre, au théâtre moscovite, en attaquant le Mezoued. Les «Haydi» russes, elles, se déhancheront, au rythme du bendir et…des socques! «Ils ont chanté notre Kalinka avec le bendir». Bref, les clichés abondent, des deux côtés, et la toile tunisienne s'amuse.
اشهار اتصالات تونس توا فين ريتو
— Sourour (@Sourour__) 3 мая 2018 г.
يا روسيا جايين هاو جايين هاو جايين 🎶🎶
✅🔝🔝👍👏 Rien à dire
«Je viens à l'instant de découvrir le clip promotionnel de Tunisie Telecom. La Russie, nous arrivons, nous arrivons! Rien à dire. Top»
Magnifique Magnifique!! PARTIE 2
— Yassine Selmi, MD (@yassineselmi23) 2 мая 2018 г.
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«Créativité tunisienne à saluer»
Qualifiée, non sans difficulté, à l'édition 2018 de la Coupe du Monde, la Tunisie s'est trouvée coincée entre les Diables rouges belges et les Trois Lions anglais, qui font office de grands favoris de ce groupe G. Les poulains de Nabil Mâaloul cultivent néanmoins l'espoir de se qualifier, pour la première fois de l'histoire du football tunisien, au second tour. Si cet exploit devait se réaliser, il y aurait des chances que les Aigles de Carthage affrontent la sélection russe. Une rencontre que le staff tunisien dit redouter. L'opérateur national devra, pour sa part, trouver une autre thématique pour exalter les supporters: la Russie est bien sympathique, mais on ne badine pas avec l'équipe nationale!