Macdol contre MacDo: contre la malbouffe, Dolus-d’Oléron veut sa ZAD

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Restauration rapide ou produits de terroir? Le maire de la ville de Dolus-D’Oléron a choisi son camp. Grégory Gendre refuse de délivrer le permis de construire à l’enseigne McDonald’s, qui souhaite s’implanter dans sa commune. Bien décidé à concurrencer le géant américain, l’édile vient de créer le Macdol: une zone d’alimentation durable.

McDonald's ou ZAD? Non, personne n'envisage d'implanter un fast-food à Notre-Dame-Des-Landes! C'est le maire de la ville de Dolus-d'Oléron qui est entré en résistance contre la célèbre enseigne: pas de démontage sauvage pour l'édile de cette commune de l'île d'Oléron, en Charente-Maritime, mais une Zone d'Alimentation Durable.

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Grégory Gendre, ancien activiste écologique, refuse en effet de délivrer le permis de construire à «MacDo». En effet, pour le maire de Dolus (3.200 habitants), la possible implantation d'un géant de la «malbouffe» irait à l'encontre de son programme de «transition écologique, sociale et solidaire», sur lequel il a été élu en mai 2014.

Néanmoins, conscient que les jeunes, notamment, ont besoin d'un endroit pour se réunir, Grégory Gendre, avec l'aide de bénévoles, a décidé de créer une ZAD (Zone d'alimentation durable) sur un ancien domaine agricole de 4 hectares transformé en «laboratoire à ciel ouvert» des nouvelles pratiques de l'alimentation durable: le Macdol. «Face à MacDo, nous voulions créer une alternative», explique Grégory Gendre. Pour le maire,

«L'objectif du Macdol est de montrer qu'il est possible concrètement aujourd'hui de développer des projets alimentaires territoriaux en mettant autour de la table tous les acteurs de la chaîne alimentaire afin de créer des modèles économiques qui soient durables.»

En effet comme le rappelle Grégory Gendre, il est primordial de réfléchir à l'impact à long terme des décisions que l'on prend. «On habite sur l'île d'Oléron et pour nous, si nous ne parvenons pas à respecter les scénarios du GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, ndlr], à savoir moins de deux degrés de réchauffement climatique d'ici la fin du siècle, la montée des eaux chez nous va être catastrophique. Je suis maire, mais également père, donc si on veut permettre aux enfants d'avoir un choix de vie dans les années futures, on doit prendre aujourd'hui des décisions qui vont dans ce sens-là.» Un défi incompatible avec le modèle économique de l'enseigne américaine, selon l'édile de Dolus.

«Aujourd'hui, l'analyse micro, macro-économique et carbone d'un modèle comme celui de McDonald's, c'est-à-dire une structure détenue par des fonds d'investissement pour faire du "tax ruling" à savoir de l'exonération fiscale au Luxembourg n'est pas un modèle durable.»

Et d'ajouter,

«Ils sont là pour faire des ronds, si des gens trouvent ça bien, tant mieux, mais je n'ai pas été élu pour que des gens fassent de l'argent sans se soucier de l'endroit où ils s'installent.»

Pourtant, un collectif «pro-MacDo» regroupant un peu plus de 2.000 membres sur Facebook s'est créé en faveur de l'ouverture de l'enseigne. Ils arguent notamment que le restaurant McDonald's sera implanté dans la ZAC (Zone d'activités économique) de la Jarrie donc que cela bouleversera le paysage. De plus, cette ouverture pourrait créer près de 40 CDI et 30 CDD. En outre, ils dénoncent qu'avec le refus du maire de délivrer le permis de construire, la commune doit verser 300 euros par jour d'astreinte. Et pour cause, le tribunal administratif de Poitiers a annulé le refus de permis de construire pour l'enseigne McDonald's dans la commune de Dolus, en septembre 2017.

Selon Grégory Gendre, «le souci avec les pros-McDo, c'est que plus le dossier avance dans le temps, plus le nombre de CDD et CDI augmente. Au début du projet, il devait y avoir 20 CDI et 10 CDD désormais c'est 30 CDI et 40 CDD.» Or, comme l'explique le maire, «on ne parle pas de création nette. On dit qu'une fois que cette enseigne sera installée, cela va créer du travail.»

«En revanche, il n'y a aucune analyse écosystémique qui est faite pour évaluer les destructions d'emplois que cela va entraîner pour les enseignes aux alentours. On n'est pas dans une logique de développement territorial, contrairement au Macdol. Nous ne sommes pas dans la même structuration de l'emploi avec des agriculteurs et des restaurateurs qui travaillent à l'année et sur la formation des produits de saison.»

Enfin, le maire de Dolus insiste sur l'importance de sa zone d'alimentation durable.

«Macdol c'est un lieu de vie pour les jeunes, avec du WIFI, où l'on peut se retrouver, faire de la formation sur les métiers de cuisine, manger des produits de qualité de saison en lien étroit avec ce que la terre peut produire sans que l'on artificialise les productions.»

Macdol ou MacDo, les habitants de Dolus auront peut-être à choisir. Une audience devant la cour d'appel administrative de Bordeaux se tiendra mi-juillet pour trancher sur ce choix de société.

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