«On se sent complètement trahi»: une zadiste sur l’évacuation qui «dépasse les cibles»

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Alors que l'évacuation se poursuit à Notre-Dame-des-Landes, entre fumée, grenades lacrymogènes et heurts, Sputnik a interrogé Sarah, secouriste et zadiste, qui protège son lieu de vie malgré les expulsions émaillées de brutalités et malgré qu'elle se sente «complètement trahie» par l'État.

Des affrontements ont fait rage ces derniers jours sur les lieux où la police mène une évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, dans le département de la Loire-Atlantique. Dans un entretien à Sputnik, la secouriste Sarah, d'une équipe médicale sur place, explique quels sentiments règnent au cœur de cette opération d'expulsion «illégale».

«À l'heure qu'il est, on a entre 20 et 25 blessés, trois sérieux, un grave qui a été évacué. Les blessures sont causées principalement par des grenades offensives de désencerclement. Beaucoup d'éclats de caoutchouc font soit des éclats à l'intérieur du corps qu'il faut retirer ou non en fonction des lésions, soit des brûlures», constate-t-elle, évoquant aussi des tirs tendus de Flash-Ball et des projections de gaz lacrymogène «à hauteur du thorax ou de la tête ce qui est une pratique plutôt illégale en termes de maintien de l'ordre».

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Notre-Dame-Des-Landes: expulsion de la ZAD et affrontements avec la police (vidéos)
Elle raconte comment l'opération se déroulait: «Il y a un dispositif complètement surréaliste, il y a 2.500 gendarmes qui sont mobilisés qui quadrillent et qui tiennent certains secteurs de la zone. Ils avancent par étapes».

On observe par conséquent une dizaine de lieux de vie détruits, des lieux de vie dans lesquels il y avait des gens qui y vivaient depuis cinq, six, sept ou huit ans, poursuit-elle.

«Du coup, c'est beaucoup de douleur et de tristesse mais la journée d'aujourd'hui nous donne assez d'espoir. Hier soir, on a appris qu'il y a eu plus de 80 rassemblements à travers la France», se réjouit-elle d'un tel soutien, qui dépasse d'ailleurs les frontières françaises pour aller jusqu'au Mexique ou en Italie.

Et tout de même, les espérances des zadistes sont mitigées avec un tout autre sentiment car leurs discussions avec les autorités ne semblent pas porter de fruits:

«Effectivement, on est dans une situation où on se sent complètement trahi dans le sens où on a ouvert un dialogue avec l'État, on est en discussion pour savoir comment est-ce qu'on préserve ce territoire maintenant que l'aéroport est abandonné. L'aéroport est abandonné ce qui veut dire qu'on n'est plus dans l'urgence de savoir qu'est-ce qu'on fait, nous, ici.»

«On a ouvert le dialogue avec l'État pour savoir comment est-ce qu'on allait faire. La réponse à ce dialogue c'est une opération d'expulsion qui se disait ciblée mais qui visiblement dépasse les cibles», souligne-t-elle, souhaitant toujours protéger son lieu de vie.

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