Yémen: les ventes d'armes françaises à Riyad sous le feu des critiques

© AP Photo / Hani MohammedYémen
Yémen - Sputnik Afrique
S'abonner
À l’approche de la visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en France, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la vente d’armes françaises à l’Arabie saoudite soupçonnée de crimes de guerre au Yémen.

ONG internationales, opinion publique, députés: les livraisons d'armes françaises à Riyad, soupçonné de crimes de guerre au Yémen, sont fustigées de tous côtés. Et la visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en France prévue la semaine prochaine ne fait que mettre de l'huile sur le feu.

Pénurie d'eau au Yémen - Sputnik Afrique
Le Yémen prêt à ouvrir les ports et aéroports à l’aide humanitaire
«Emmanuel Macron devrait placer le Yémen au cœur de ses discussions avec (le prince héritier saoudien) Mohammed ben Salmane», ont appelé mercredi dix ONG humanitaires et de défense des droits humains, qui réclament «la fin des bombardements ciblant des civils» et «la levée de toutes les entraves à l'acheminement de l'aide humanitaire et des biens commerciaux au Yémen», indique l'AFP.

Le conflit yéménite oppose des forces progouvernementales, appuyées notamment par les Saoudiens et les Émiratis, aux rebelles Houthis, soutenus par l'Iran et qui contrôlent la capitale Sanaa.

Cette guerre a fait près de 10.000 morts depuis 2015, dont de nombreux civils, et provoqué ce que l'ONU qualifie de «pire crise humanitaire du monde».

«Riyad est à la tête d'une coalition qui a tué et blessé des milliers de civils» et «nombre de ces attaques seraient des crimes de guerre», dénonce Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch (HRW). «En continuant de vendre des armes à l'Arabie saoudite, la France risque de se rendre complice de graves violations du droit international et envoie un message d'impunité au dirigeant saoudien».

Yémen - Sputnik Afrique
Pourquoi l’Occident «se focalise sur la crise syrienne» et repousse le Yémen au 2nd plan?
La France demeure l'un des principaux fournisseurs de matériel militaire de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Un marché en pleine croissance où Paris est en concurrence avec Washington, Londres et bien d'autres encore: d'après l'institut de recherche suédois SIPRI, les ventes d'armes au Moyen-Orient ont doublé ces dix dernières années, et la région représente désormais 32% des importations mondiales.

Le député Sébastien Nadot, membre de la majorité présidentielle (LREM), réclame lui la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les ventes d'armes françaises aux acteurs du conflit au Yémen.

«Il s'agit de savoir si la France a tenu ses engagements internationaux en la matière», explique à l'AFP le député, qui déplore un contrôle parlementaire «inexistant» sur les ventes d'armes. «Aujourd'hui ce contrôle est purement administratif. Le parlement a quelques informations mais aucun élément détaillé», regrette-t-il.

Ces cris d'alerte trouvent un écho dans l'opinion publique française.

Troisième place : Sana, Yémen - Sputnik Afrique
La guerre au Yémen s'envenime
Selon un récent sondage réalisé par l'institut YouGov, trois Français sur quatre (74%) jugent «inacceptable» la vente de matériel militaire à l'Arabie saoudite, et estiment dans leur écrasante majorité (88%) que la France doit arrêter les exportations d'armes aux pays qui risquent de les utiliser contre des populations civiles.
Certains pays européens, dont l'Allemagne, la Norvège ou la Belgique ont récemment pris la décision de restreindre leurs relations militaires avec la coalition arabe, mais la France, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont abstenus de leur emboîter le pas.

En 2016, Paris aurait vendu pour 2 milliards de dollars d'armes à Riyad et Abou Dabi. Selon les estimations de l'Institut SIPRI, dans la période comprise entre 2013 et 2017, la France a été le deuxième fournisseur d'armes aux EAU et le troisième à l'Arabie saoudite.

Une coalition militaire arabe sous commandement saoudien intervient depuis mars 2015 au Yémen en soutien au gouvernement du Président Abd Rabbo Mansour Hadi contre les Houthis, alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-Président Ali Abdallah Saleh. Les rebelles contrôlent la capitale Sanaa depuis 2014 et restent maîtres de vastes régions du pays.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала